Présidentielle : six choses à retenir de la soirée du premier tour

Emmanuel Macron Marine Le Pen
Europe 1 vous résume les six choses à retenir de ce premier tour de l'élection présidentielle 2022. (Illustration) © THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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Solène Leroux avec la rédaction d'Europe 1 , modifié à
Un nouveau duel Macron/Le Pen, Mélenchon à nouveau troisième homme, la quatrième position d'Éric Zemmour, l'écart entre Mélenchon et Le Pen ou encore la déroute du Parti socialiste et des Républicains : Europe 1 vous résume les six choses à retenir de ce premier tour de l'élection présidentielle 2022.

Pari réussi pour Emmanuel Macron. Le président sortant se qualifie pour le second tour de la présidentielle et affrontera Marine Le Pen au second tour. Jean-Luc Mélenchon arrive en troisième position et talonne la candidate du Rassemblement national. Éric Zemmour réussit à s'imposer dans le paysage politique avec une quatrième place.

Le candidat du parti "Reconquête!" appelle à voter Marine Le Pen. Le président sortant en tête, le Rassemblement national et la France insoumise qui se suivent de près : ce premier tour d'élection présidentielle confirme l'écroulement des partis historiques.

Macron en tête, Le Pen juste derrière

Ce sera donc un second tour aux allures de match retour. Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront le 24 avril prochain pour la présidence de la République : entre 28% et 29% des suffrages pour le président-candidat contre 22 à 24% pour Marine Le Pen. La même affiche qu'en 2017, dans un scrutin marqué par une forte abstention : entre 26% et 28,3%, soit plus de 5 points de plus qu'en 2017, à 22,23%. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont tous les deux exprimés dimanche soir, l'un et l'autre appelant au rassemblement des électeurs qui n'ont pas voté pour eux au premier tour.

"Je souhaite tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France", a assuré Emmanuel Macron. "Je suis prêt à inventer quelque chose de nouveau pour rassembler les convictions et les sensibilités diverses afin de bâtir avec eux une action commune au service de notre nation pour les années qui viennent", a encore dit le président.

Marine Le Pen a de son côté appelé "tous les Français de toute sensibilité, de droite, de gauche et d'ailleurs, les Français de toute origine, à rejoindre ce grand rassemblement national et populaire". La candidate du Rassemblement national a ensuite ajouté : "Ensemble, nous allons construire avec enthousiasme et conviction cette victoire pour mettre en œuvre la grande alternance dont la France a besoin."

Un résultat et des discours qui annoncent une recomposition, notamment à droite, de l'échiquier politique. En attendant, la campagne du second tour débute dès ce lundi avec un déplacement d'ores et déjà annoncé par les équipes d'Emmanuel Macron, qui se rend lundi dans les Hauts-de-France.

Mélenchon, troisième homme

Comme en 2012, Jean-Luc Mélenchon est le troisième homme de la présidentielle. Avec 21% des voix, le leader de la France insoumise échoue pour la troisième fois consécutive à se qualifier pour le second tour d'une élection présidentielle, mais améliore de trois points son score de 2017. Le leader insoumis, déçu ce soir, a appelé à voter comme il y a cinq ans contre Marine Le Pen. "Ne nous cachons pas la violence de la déception", a-t-il d'abord exprimé devant ses militants. "Elle est d'abord en pensant à tout ce qui aurait été entrepris et qui ne le sera pas. Oui, c'est une déception, mais en même temps, comment se cacher aussi la fierté du travail accompli ?"

Selon lui, "le pôle populaire existe : si nous n'y étions pas, que resterait-il ?", a-t-il encore dit. Il a ensuite appelé à contrer l'extrême droite : "Nous savons pour qui nous ne voterons jamais. Jamais nous perdrons notre confiance dans la démocratie, donc vous ne devez pas donner une voix à Mme Le Pen."

Jean-Luc Mélenchon vivait là sa troisième et dernière campagne présidentielle. À 70 ans, le leader insoumis a indiqué qu'il ne se représenterait pas en 2027 et laisse donc derrière lui des militants déçus. Beaucoup en veulent aux autres partis de gauche : le Parti communiste de Fabien Roussel, notamment, a été très largement hué dimanche soir au Cirque d'hiver. Un parti jugé coupable selon eux d'avoir empêché leur champion d'accéder au second tour.

Zemmour appelle à voter Le Pen

Alors que le leader insoumis a sommé ses électeurs à ne "pas donner une voix à Mme Le Pen", Éric Zemmour, arrivé en quatrième position, a de son côté appelé à voter pour la candidate du Rassemblement national. Tout en admettant avoir de nombreux désaccords avec la championne du RN, Éric Zemmour a néanmoins assuré qu'il ne se trompait pas d'adversaire. L'ancien polémiste d'extrême droite a ainsi appelé ses partisans à choisir Marine Le Pen face à Emmanuel Macron qui "a fait entrer deux millions d'immigrés en France et fera pire s'il était réélu".

Avec un peu plus de 7% des voix, Éric Zemmour dit donc assumer l'entière responsabilité d'un certain nombre d'erreurs, estimant devoir tous ses succès à ses équipes, mais aucun de ses échecs. Il a cependant annoncé dans son discours qu'il continuerait à défendre la France, une façon de confirmer qu'il entend bien poursuivre son parcours politique. "Nous avons fait en trois mois ce qu'aucun politicien n'a jamais réussi en 15 ans. Nous avons construit le plus grand parti de France. Les drapeaux qui ont flotté au Trocadéro ne s'abaisseront plus jamais", a-t-il assuré.

"Alors oui, nous sommes déçus, mais nous avons gagné dans cette campagne quelque chose qui n'a pas de prix : la puissance et l'expérience. Je vous le dis, chez 'Reconquête!', nous sommes puissants, nous sommes forts, nous avons des militants présents dans toute la France, nous avons des intelligences redoutables, des compétences inégalées. Nous nous projetons déjà vers l'avenir. Je ne m'en tiendrai pas là, car 'Reconquête!' n'abandonnera rien tant que la France ne sera pas reconquise", a-t-il encore promis. Éric Zemmour avait déjà assuré cette semaine que s'il ne parvenait pas à être élu à l'Élysée, il serait candidat aux législatives. Il indiquait même se voir en futur chef de l'opposition.

Le coup de massue pour les partis traditionnels

Autre apprentissage de ce premier tour de la présidentielle, la déroute des partis traditionnels. Le choc est rude, d'abord pour les Républicains. Valérie Pécresse n'a obtenu que 4,8% des suffrages. Très vite après l'annonce des résultats, la présidente de la région Île-de-France a pris la parole pour appeler à voter pour Emmanuel Macron. "Ce soir, je suis profondément inquiète pour l'avenir de notre pays, alors que l'extrême droite n'a jamais été aussi près de l'emporter. Vous le savez, j'ai construit mon engagement politique contre les extrêmes, de droite comme de gauche. Je les ai toujours combattus avec force et constance", a-t-elle commencé.

"Le projet de Marine Le Pen conduirait le pays à la discorde, à l'impuissance et à la faillite. Sa proximité historique avec Vladimir Poutine la discrédite pour défendre les intérêts de notre pays dans les temps tragiques que nous vivons. Ainsi, et malgré les profondes divergences que j'ai martelées tout au long de la campagne, je voterai en conscience Emmanuel Macron pour empêcher l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui en résulterait", a assuré la candidate des Républicains.

Une déclaration de Valérie Pécresse bien différente de celle du député Les Républicains Éric Ciotti. Le finaliste malheureux de la primaire d'investiture du parti, a déclaré qu'il ne donnerait pas de consigne de vote pour ce second tour. Pour la droite, c'est donc la troisième défaite d'affilée à la présidentielle et la deuxième absence du parti au second tour. Beaucoup au sein de la formation ont refusé d'imaginer ce scénario redouté pendant cinq ans.

Même constat d'échec au Parti socialiste. Anne Hidalgo obtient le score le plus bas de l'histoire du parti à l'élection présidentielle avec 1,7% des voix. Prenant acte de cette grosse défaite, elle a appelé les électeurs à voter contre l'extrême droite. "À l'issue de ce premier tour, les résultats, comme l'abstention, témoignent d'une France divisée aux multiples fractures et confrontée à une extrême droite aux portes du pouvoir", a dit la socialiste. "Alors, parce que c'est l'engagement de toute ma vie pour la République et pour que la France ne bascule pas dans la haine de tous contre tous, je vous appelle avec gravité à voter le 24 avril prochain contre l'extrême droite de Marine Le Pen en vous servant du bulletin de vote Emmanuel Macron."

Le score historiquement bas d'Anne Hidalgo met en péril son avenir, y compris à la mairie de Paris, où son bilan est contesté et où sa majorité s'érode de plus en plus.

Suspense pour la deuxième place

Jusqu'au bout de la nuit, le doute a plané sur le candidat face à Emmanuel Macron au second tour. Jean-Luc Mélenchon est progressivement remonté dans les estimations de votes au fur et à mesure du dépouillement. Au Cirque d'hiver, à Paris, l'effervescence s'est fait sentir chez les militants insoumis. Certains militants, partis, sont même revenus. Beaucoup d'incertitude et beaucoup d'attente au QG de Jean-Luc Mélenchon : la France insoumise y croyait, tout en sachant que les écarts de voix seraient très serrés.

Jean-Luc Mélenchon et son cercle rapproché sont restés sur place de nombreuses heures, en attendant le résultat final. 

Deux blocs face à face

En vue du second tour de la présidentielle, deux blocs semblent s'affronter. D'un côté, la droite, les écologistes, les communistes et les socialistes appellent à voter Emmanuel Macron pour faire barrage à l'extrême droite de Marine Le Pen. De l'autre, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan appellent à donner leur voix à Marine Le Pen.

Jean Lassalle et Nathalie Arthaud, en revanche, ne se prononcent pas et ne donnent aucune consigne de vote à leurs électeurs. Les Français départageront les deux candidats finaux dans deux semaines, le 24 avril.