emmanuel macron 5:03
  • Copié
Alexandre Chauveau et Louis de Raguenel, édité par Gauthier Delomez
Emmanuel Macron est en visite dans les Hauts-de-France mercredi après-midi, notamment à Tourcoing dans le fief de son ministre Gérald Darmanin, pour faire des annonces sur l'immigration et les frontières européennes. Un déplacement très politique qui permet au président sortant de s'exprimer publiquement sans être encore officiellement candidat à la présidentielle.
ANALYSE

Le président de nouveau sur le terrain. Emmanuel Macron est en déplacement dans les Hauts-de-France mercredi, où il visite dans l'après-midi trois sites : la ville de Liévin, le musée du Louvre-Lens et Tourcoing, sur les terres de son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. S'il indique dans les colonnes de La Voix du Nord qu'il ne se déclarera candidat que lorsque les crises sanitaire et internationale seront réglées, le chef de l'État saisit tout de même l'occasion d'aller sur le terrain, quitte à donner l'impression qu'il est en campagne électorale.

Conforter la stature de chef de la nation

La crise sanitaire due au Covid-19 et les tensions entre la Russie et l'Ukraine sont deux faits inédits en période de campagne présidentielle, souligne l'Élysée comme pour mieux donner du poids à l'action d'Emmanuel Macron, qui pourrait retarder sa déclaration de candidature, initialement prévue entre le 10 et le 15 février. Le président sortant a encore un peu plus d'un mois pour se porter candidat, et il compte bien profiter de la situation internationale pour conforter sa stature de chef de la nation.

"Cela le place au-dessus de la mêlée", glisse un conseiller auprès d'Europe 1. Si une bévue d'Emmanuel Macron offrirait une fenêtre de tir à ses concurrents, son entourage estime, toujours auprès d'Europe 1, que "ses adversaires peinent à imprimer. Il n'y a pas pour l'instant de dynamique susceptible de précipiter son entrée en campagne". Le chef de l'État cherche à faire une entrée éclaire et arriver à de nouvelles propositions, notamment pour contrer celles d'Éric Zemmour, au moment où les autres candidats auraient épuisé leurs cartouches.

"Il a tout intérêt à se montrer comme gestionnaire de crise"

"(Emmanuel Macron) est dans une position idéale", affirme Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof, dans l'émission Europe midi, assurant que la vraie-fausse campagne électorale du président sortant n'agace pas les Français. "Il bénéficie de son statut de chef de l'État, et il préside le Conseil de l'Union européenne. Il a tout à fait intérêt pour le moment à se montrer aux Français comme gestionnaire de la crise sanitaire", expose-t-il au micro d'Europe 1.

"Pour Emmanuel Macron, rien ne serait plus dangereux que de donner le sentiment qu'il s'engage dans la campagne électorale, alors même que la crise épidémique n'est pas complètement réglée, et que les inquiétudes des Français sont toujours très importantes sur cette question", ajoute le chercheur au CNRS, qui observe que le président sortant "sème des petits cailloux progressivement sur la route de la candidature, sur les questions de l'immigration et la réforme de l'espace Schengen".

Parler d'immigration et de Schengen, des thèmes ancrés à droite

Le déplacement d'Emmanuel Macron à Tourcoing est d'ailleurs placé sous le sujet de l'Europe et de l'immigration, des thèmes marqués à droite, où il s'exprime devant les ministres de l'Intérieur et de la Justice des 27 pays européens. Dans ce déplacement très politique, le chef de l'Etat va annoncer le renforcement des effectifs de Frontex, la force chargée de contrôler les frontières extérieures de l'UE, avec des effectifs qui devraient se porter à 10.000 d'ici 2027.

Autre mesure : le développement de la biométrie pour mieux contrôler les personnes qui entrent et qui sortent de la zone UE. La mesure la plus forte reste sa proposition de rendre plus facile le contrôle des frontières intérieures de l'espace Schengen, avec l'objectif d'expulser plus facilement tous les migrants qui tentent de passer d'un pays à un autre dans l'espoir de s'installer, comme à Calais.

Toutes ces annonces d'Emmanuel Macron, avec ce côté "magique", seront très difficiles, voire quasiment impossibles à mettre en place car les Vingt-Sept ne défendent pas les mêmes intérêts et ne sont pas tous d'accord entre eux. Elles pourront donc surtout servir le chef de l'État dans sa politique intérieure en parlant à la droite. Une droite qui considère que le régalien est le talon d'Achille du président sortant.