Présidentielle : Emmanuel Macron a-t-il choisi son adversaire politique ?

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Laura Laplaud
C’est une visite symbolique. Emmanuel Macron est le troisième président de la République, après le général de Gaulle et Valéry Giscard d’Estaing, à se rendre à Vichy dans l’Allier. Mais par cette visite, le chef de l’État a tenu à faire passer un message à l’un de ses principaux adversaires politiques, qui pourrait être Éric Zemmour.

Sera-t-il candidat à l’élection présidentielle ? Ce qui est sûr, c’est qu’à quatre mois du premier tour, Emmanuel Macron n’hésite pas à intervenir régulièrement dans la campagne. En déplacement à Vichy dans l'Allier, mercredi, il a évoqué et mis en garde ceux qui veulent "manipuler" l’Histoire. Un clin d’œil fait au nouveau candidat, Éric Zemmour, selon les invités du plateau de Punchline mercredi.

"Gardons-nous de manipuler l’Histoire"

"Cette histoire, nous l’avons vécue, elle est écrite par les historiennes et historiens, et c’est une bonne chose de s’y tenir. Gardons-nous de la manipuler, de l’agiter, de la revoir", a déclaré Emmanuel Macron lors de son déplacement à Vichy. Seul le général de Gaulle était venu dans la ville de l'Allier en tant que président de la République en 1959. Valéry Giscard d’Estaing était bien passé de manière furtive en 1979, mais depuis, aucun n’avait osé fouler ces terres.

Le chef de l’État s’est ensuite arrêté devant la plaque portant les noms des 80 parlementaires qui avaient refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Une période régulièrement citée par le polémiste néo-candidat qui affirme que le maréchal Pétain a "protégé les juifs français et donné les juifs étrangers" pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des propos qui n’ont pas cessé de faire réagir la sphère politique depuis la rentrée, jugeant bien souvent qu’ils relèvent du "révisionnisme". "La tentation était quand même assez importante, assez grande pour Emmanuel Macron de répondre à Éric Zemmour, non pas justement en l'attaquant, mais en répondant de manière un peu indirecte, de manière interposée", a expliqué Louis de Raguenel, chef du service politique d’Europe 1.

Macron-Zemmour, un duel calculé par le président ?

Au-delà de l’aspect mémoriel, ce déplacement pourrait aussi être, pour Emmanuel Macron, les débuts d’un combat politique qu’il compte mener contre Éric Zemmour. Un duel calculé par le président de la République. "La seule chose qui intéresse Emmanuel Macron, c'est d'avoir en face de lui le meilleur sparring-partner et il l’a enfin trouvé !", a lancé l’éditrice Isabelle Saporta. "Il a choisi Éric Zemmour, c'est tout. Il n'a pas choisi Valérie Pécresse. Il n'a pas choisi qui que ce soit à gauche. Il sait qui il va avoir en face de lui. Il sait le débat qu’il a envie de mener pour le second tour, il sait que c’est Eric Zemmour, il va là-bas exprès !"

Un face à face politique qu’Emmanuel Macron souhaiterait mener avec Éric Zemmour pour plusieurs raisons, selon Louis de Raguenel. "La première, il sait qu’Éric Zemmour peut déraper assez facilement, il sait qu’il suffit qu’il l’excite un petit peu et globalement Éric Zemmour saisit la perche et tombe dans le panneau", a-t-il détaillé. "Et la deuxième raison, c’est que faire monter Éric Zemmour, ça permet de moins parler de Valérie Pécresse, qui depuis hier, même si ce n’est qu’un sondage, est en mesure de le battre à la présidentielle." La candidate des Républicains était en effet donnée gagnante dans un second tour hypothétique face au président sortant.

Le duel entre Emmanuel Macron et Éric Zemmour pourrait aussi être désiré par l'essayiste, qui n’hésite pas à prendre pour cible le président de la République, le taclant d’"adolescent" en direct à la télévision. "On a l’impression d’un type qui n’est pas fini", avait-il lancé sur BFMTV.