Pourquoi l'affaire Le Roux n'est pas une bonne nouvelle pour Fillon

  • Copié
Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Le ministre de l'Intérieur a été limogé en moins de 24 heures pour une affaire similaire à celle qui plombe le candidat de la droite à la présidentielle depuis deux mois.

Affaire Cahuzac, affaire Thévenoud, affaire Benguigui, du nom de l’ex-ministre de la Francophonie "démissionnée" et condamnée pour des fausses déclarations de patrimoine, affaire Kader Arif, l’ex-ministre démissionné pour une histoire de favoritisme qui touchait un membre de sa famille... Bref, avec le départ de Bruno Le Roux c’est le cinquième ministre du quinquennat de François Hollande qui est rattrapé par une affaire.

Suite et fin de la présidence "exemplaire". Cruel épilogue : il s’agit de l’ami du président qui pleurait d’émotion le soir de son élection en 2012 . Cruel épilogue parce que l’ambition atteignable de François Hollande était de faire de sa présidence une présidence exemplaire, et il a échoué. Cruel épilogue pour un homme sur lequel on a tout entendu : froid, sans affect, manipulateur mais qui n’a jamais été pris en défaut d’honnêteté. François Hollande n’est pas intéressé par l’argent et ne l’a jamais été.

Une preuve de l’indépendance de la justice. Il s’est passé 22 heures entre la révélation de l’affaire et le départ du ministre. François Fillon s’accroche, Bruno Le Roux, lui, démissionne. Dans les deux cas le Parquet national financier ne perd pas de temps avec l’ouverture d’une enquête dans la foulée des révélations faites par la presse. Le gouvernement a voulu répondre au procès en complotisme de Françoise Fillon : un ministre de l’Intérieur visé par une enquête du parquet c’est sans précédent, preuve de l’indépendance de la justice.

L'obstination du Sarthois. Quant à la règle édictée par le Premier ministre de droite Edouard Balladur, selon laquelle un membre du gouvernement mis en examen démissionne, elle est appliquée avec zèle dans le cas de Bruno Le Roux, ministre de gauche. Au-delà de l’image désastreuse pour le quinquennat de François Hollande, le départ du locataire de la place Beauvau fragilise en vérité un peu plus François Fillon qui s’enferre alors que les chefs d’accusation à son égard viennent d’être étendus.