Perchoir : la désignation de Ferrand, désolé "de ne pas être une dame", embarrasse des députés LREM

© Eric FEFERBERG / AFP
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Aurélie Herbemont et Virginie Riva, édité par Romain David
La réaction du député du Finistère, choisi lundi par les députés de la majorité pour être le candidat de son camp à la présidence de l'Assemblée nationale, a agacé de nombreux élus, y compris dans son parti. 

Sans surprise, Richard Ferrand a été élu lundi par les députés de la majorité pour être le nouveau président de l’Assemblée nationale. Il n’y aura donc pas, pour la première fois, de femme au Perchoir, et certains membres de la majorité le regrettent ouvertement. D'autant qu'une pique du député du Finistère n'a pas manqué d'agacer les partisans d'une plus grande féminisation des postes clefs de la vie politique.

"Vous me pardonnerez de ne pas être une dame". Sur le point de devenir le 247ème président de l’Assemblée nationale – le vote officiel dans l'hémicycle a lieu mercredi -, Richard Ferrand a en effet semblé lassé que l'on fasse de son élection une question de genre. "Le choix s'est porté sur moi, vous me pardonnerez de ne pas être une dame", a-t-il déclaré devant les journalistes. "Une petite phrase qui sonne ancien monde", grince un député, et qui a fait des remous bien au-delà de la majorité. "C'est terrible, Richard Ferrand n'a rien compris à l'enjeu de notre époque", interroge ainsi la députée insoumise Mathilde Panot, également candidate au poste. "Cette question est une question de politique globale : pourquoi, dans les premiers personnages de l'Etat, il n'y a que des hommes ?"

"La manière dont il évacue le problème avec une petite blague par-dessus la jambe est absolument honteuse, d'autant plus que son gouvernement s'était engagé sur la féminisation des premiers postes de l'Etat", souligne encore l'élue du Val-de-Marne, qui rappelle notamment que l'égalité entre les femmes et les hommes est l'une des grandes causes du quinquennat d'Emmanuel Macron.

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Un lot de consolation. Mais la question des femmes aux postes à responsabilités reste toujours posée au sein de La République en marche. Beaucoup de ses membres plaident désormais pour voir une femme succéder à Richard Ferrand à la présidence du groupe à l'Assemblée. "Richard Ferrand au Perchoir, et une femme à la tête du groupe ! Ça aurait de la gueule. La présidence d'un groupe est un rôle politique extrêmement important, surtout lorsqu'il est majoritaire", plaide ainsi Olivier Véran, député de l'Isère.

Mais Sonia Krimi, qui soutenait Barbara Pompili pour succéder à François de Rugy, n’est pas très à l’aise avec le côté "lot de consolation" que représente selon elle la présidence du groupe. "Je n'aime pas les petits pansements : on vous donne ça pour vous faire plaisir", déplore-t-elle. "Une femme, c'est toujours mieux à prendre mais bon… j'aurai voulu une présidente moi", ajoute l'élue de la Manche. En tout cas, les manœuvres en coulisses ont déjà commencé, car il y a au moins autant de femmes que d'hommes qui rêvent de ce poste. Une députée en est persuadée, "à compétences égales, être une femme sera un plus".