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Yanis Darras , modifié à
Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard était l'invité du Grand Rendez-vous Europe 1/ CNews/ Les Echos. Au micro de Pierre de Vilno, il est revenu sur les émeutes en Nouvelle-Calédonie, suite au vote du texte de loi au Parlement prévoyant le dégel du corps électoral. Le député des Bouches-du-Rhône estime que le gouvernement s'est trop précipité sur le sujet sans prendre en compte la sensibilité des Kanak. 

Le retour au calme est long et difficile en Nouvelle-Calédonie. Après 10 jours d'émeutes sur l'archipel, les dégâts sont importants. Selon un premier bilan, près d'un milliard d'euros devront être dépensés pour reconstruire les entreprises et autres bâtiments publics détruits par les émeutiers. 

En cause de ce déferlement de violence sur ce territoire située à 17.000 kilomètres de Paris : le dégel du corps électoral pour les élections provinciales. Un projet poussé par Emmanuel Macron qui souhaitait rapidement l'élargir, alors que 20% des habitants présents en Nouvelle-Calédonie ne peuvent pas voter actuellement à ces élections. Mais c'était sans compter sur la colère des Kanak, peuple originel de l'île, qui estime être, une fois de plus, mis en minorité. 

Passage en force du gouvernement

"La Nouvelle-Calédonie a été une colonie de peuplement. Il y a eu un peuple premier puis d'autres populations sont arrivées. Et le choix qui a été fait, c'est d'engager un processus de décolonisation", explique Manuel Bompard sur le plateau du Grand Rendez-vous Europe 1/ CNews/ Les Echos

Cette idée a notamment donné naissances aux accords de Nouméa en 1998. Depuis, trois référendums ont été organisés, et tous ont souligné que les Calédoniens voulaient rester en France. Mais le dernier référendum tenu en 2021 a été largement boycotté par les indépendantistes, qui demandaient un report du vote pour tenir une période de deuil aux Kanak morts du Covid-19. Une demande rejetée par le gouvernement et qui a été une grave erreur, juge le député LFI. 

Négociations

"Les accords de Nouméa et de Matignon dans les années 80, quand on y a abouti, ça a été des trésors de diplomatie et de négociation. (...) Et je pense que c'est totalement fou d'avoir détruit tout ça par l'entêtement du président de la République et de son passage en force", s'alarme-t-il au micro de Pierre de Vilno. 

Manuel Bompard appelle désormais le gouvernement à retirer son projet et à élargir le dialogue, estimant "que les violences (sur l'archipel ndlr) étaient largement évitables". "Il ne faut pas démonter toute la logique du corps électoral comme ça, d'un coup, d'un seul. Il faut discuter, il faut faire évoluer les choses patiemment et les mener au consensus", conclut-il.