Nicolas Sarkozy persona non grata à droite entre les deux tours

© AFP
  • Copié
Aurélie Herbemont avec Margaux Baralon , modifié à
MEETINGS - Le président du parti Les Républicains n'est pas le bienvenu pour soutenir ses candidats aux régionales pour le second tour.

Avant le premier tour des régionales, on l'avait vu écumer les meetings, de Nogent-sur-Marne pour soutenir Valérie Pécresse, tête de liste en Île-de-France, à Avignon pour encourager Christian Estrosi, candidat en Paca. Mais entre les deux tours, Nicolas Sarkozy se fait bien plus discret. A la tribune mardi soir à Rochefort pour mobiliser autour de Virginie Calmels, qui espère encore arracher le conseil régional en Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, il ne lui reste plus qu'à honorer un seul rendez-vous, jeudi, en Corse.

Un président de parti peu sollicité. Cette mise en retrait serait loin d'être un choix de l'ancien chef de l'Etat. "Les autres candidats ne l'ont pas sollicité, on ne va pas les forcer", avoue ainsi l'un des proches de Nicolas Sarkozy. Alors que son équipe avait prévu qu'il aille au meeting de Valérie Pécresse mercredi soir dans les Hauts-de-Seine, cette-dernière s'y est opposée. "Ca n'est pas le président de mon parti qui se présente", a-t-elle justifié mardi sur iTélé. "Maintenant, c'est moi qui vais diriger la région, c'est moi que les Franciliens veulent entendre, c'est moi qu'ils veulent juger." La présence de Nicolas Sarkozy, "on n'y a pas intérêt", glisse un membre de l'entourage de Valérie Pécresse. Qui se souvient probablement qu'au meeting de Nogent-sur-Marne, les nombreux ténors LR présents avaient volé la vedette de la candidate francilienne.

Ne pas nationaliser une élection locale. Au final, la liste des régions dans lesquelles Nicolas Sarkozy n'est pas le bienvenu est longue. Il n'ira ni dans le Grand Est, où il s'était pourtant arrêté avant le premier tour, ni en Normandie, où un élu considère que "ça n'apporterait rien". Le manque d'enthousiasme est aussi flagrant en Bourgogne-Franche-Comté, où le candidat de droite, François Sauvadet, a improvisé un vote à main levée chez ses colistiers. Résultat : seuls 10% se sont prononcés pour la venue de Nicolas Sarkozy, proposée par l'ancien ministre Alain Joyandet. Pour l'équipe de campagne, il s'agit d'abord de "ne pas nationaliser" un scrutin local.

"Aller chercher des voix à gauche". Un argument repris par Xavier Bertrand, qui s'opposera à Marine Le Pen dans le Nord au second tour. "Cette campagne, je l'ai voulue locale, avec des gens de chez nous", a expliqué le maire de Saint-Quentin sur BFM mardi. "Je veux avoir les coudées franches et n'avoir de comptes à rendre qu'aux six millions d'habitants de la région, pas aux états-majors." Mais ce n'est pas la seule raison. Xavier Bertrand "a besoin d'aller chercher les voix à gauche" pour gagner, confie un élu. Or, Nicolas Sarkozy a, lui, plutôt tendance à tenter de récupérer celles de l'extrême-droite. A Rochefort mardi soir, il a ainsi décliné les thèmes chers au Front national, notamment l'immigration et la ruralité.

Le leadership en question. Des désaccords de fond expliquent aussi ce rejet dans les régions où les têtes de liste sont centristes. Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, s'est en effet vivement opposé à la stratégie du "ni fusion ni retrait" prônée par Nicolas Sarkozy après le premier tour. Pour un député, cette réticence à inviter le président de LR est symptomatique : "le leadership du chef est en question." "Dehors les anciens dirigeants", tonne-t-on dans le Centre-Val de Loire. "Ils sont stupides", rétorque un sarkozyste. "Faire venir Nicolas Sarkozy, cela permet de mobiliser les militants."