Migrants : la "part" de la France en chiffres

La France a régularisé plus de 40.000 réfugiés en 2017. Ce qui reste peu comparé à sa population totale.
La France a régularisé plus de 40.000 réfugiés en 2017. Ce qui reste peu comparé à sa population totale. © LOUISA GOULIAMAKI / AFP
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Mardi, alors qu'il était critiqué pour son silence à l'égard des migrants bloqués sur l'Aquarius, le gouvernement français n'a cessé de répéter que la France "prenait sa part" dans l'accueil des réfugiés.

"La France prend sa part" dans l'accueil des réfugiés à l'échelle européenne. Voilà ce qu'ont répété moult responsables gouvernementaux ces dernières heures, alors que le bateau humanitaire Aquarius, bloqué en mer Méditerranée après avoir été refusé des ports italiens et maltais, ne recevait aucune réponse de la France. De Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, à Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, en passant par Emmanuel Macron lui-même en conseil des ministres mardi, tous ont assuré que Paris ne dérogeait pas à ses obligations. Un coup d'œil sur les chiffres permet de constater que la France accueille proportionnellement moins de réfugiés que ses voisins.

La France recueille beaucoup de demandes d'asile… En effet, les chiffres les plus récents donnés par l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), ceux de 2017, font état de plus de 100.000 demandes d'asiles déposées. Une nette augmentation par rapport à 2016 (un peu plus de 75.000 demandes).

Pour comparer avec ses voisins européens, il faut regarder les chiffres de 2016 donnés par l'Union européenne via l'organisme Eurostat. Cette année-là, quelque 700.000 réfugiés ont déposé une demande en Allemagne. Ils sont 125.000 à l'avoir fait en Italie, 40.000 en Autriche, 30.000 en Hongrie et seulement environ 10.000 en Espagne. La France se situe donc dans la moyenne haute en matière de demandes déposées.

…mais en valide peu... Pour mesurer la "part" française, il faut désormais examiner les demandes qui ont obtenu une réponse positive, rapportées à la population totale de chaque pays. En 2017, 40.575 personnes ont obtenu une régularisation en France, selon Eurostat. Soit 0,061% de sa population. C'est proportionnellement beaucoup moins qu'en Allemagne, où plus de 325.370 demandeurs d'asile ont été acceptés, soit 0,39%. Mais c'est aussi moins qu'en Autriche ou en Suède (respectivement 0,39% et 0,31%). En revanche, ce pourcentage est comparable à celui de l'Italie (0,060%) et reste bien supérieur à ceux de la Hongrie (0,013%) et de l'Espagne (0,01%).

Changement de discours. Emmanuel Macron n'étant arrivé qu'en cours d'année dernière, il est difficile de lui attribuer ces chiffres. Les effets de la loi asile et immigration, votée en avril dernier, ne sont pas non plus encore perceptibles. Ce qui est certain en revanche, c'est que le discours officiel a changé depuis le début du quinquennat. En juillet 2017, le président fraîchement élu reconnaissait que "la France n'a pas toujours pris sa part" dans l'accueil des réfugiés. En juin, il avait rappelé que c'était pourtant son "devoir moral".

 

 

 

Les mauvais résultats de la relocalisation

Parallèlement aux procédures d'asile de chaque pays, l'Union européenne s'était mise d'accord en 2016 sur un plan de relocalisation des réfugiés. L'objectif étant que tous les États membres "soulagent" la Grèce et l'Italie, où arrivaient un grand nombre de migrants. Là encore, la France a été très critiquée pour sa gestion. Ce ne sont pas, comme prévu, 30.000 individus que la France a relocalisé sur son territoire, mais moins de 6.000, selon la Commission européenne.