Michel Roussin, une vie dans l'ombre de Jacques Chirac : "Il m'a appris à aimer les gens"

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© PIERRE ANDRIEU / ARCHIVES / AFP
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Romain David
Interrogé par Matthieu Belliard, l'ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac se souvient, vendredi sur Europe 1, des années mouvementées qu'il a passées à son service.
INTERVIEW

Il a passé plusieurs décennies dans l’ombre de Jacques Chirac. Michel Roussin, ancien ministre de la Coopération, fut l’un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac, et son directeur de cabinet durant les années passées à la mairie de Paris (1977-1995), mais aussi pendant la première cohabitation (1986-1988). "C’est une journée terrible pour moi", a-t-il déclaré vendredi, au micro de Matthieu Belliard dans la matinale d’Europe 1. "J’ai vécu avec lui les années qui comptent le plus pour un homme, entre 30 et 50 ans."

Pour cet ex-officier de gendarmerie, la mort de l'ancien président de la République, le 26 septembre 2019, restera "une date très importante, une étape dans la vie". Michel Roussin est entré au service de Jacques Chirac dès 1974, lorsque celui-ci devient le chef du gouvernement après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing. "Je lui dois énormément. Très tôt, il m’a adopté. J’étais le commandant militaire de l’hôtel Matignon. Monsieur Messmer (Premier ministre de 1972 à 1974) venait de quitter Matignon, et monsieur Chirac m’a dit : 'Vous restez avec moi'. Ça a été le début d’une superbe histoire", raconte Michel Roussin.

Un bosseur acharné, "à l'écoute des gens"

"Être son collaborateur était une tâche délicate", relève-t-il. À une époque où le non-cumul des mandats n’est pas encore de rigueur, Jacques Chirac, en véritable marathonien de la politique, se démultiplie à mesure qu’il brigue de nouveaux postes. "Toute sa vie je l’ai trouvé embarqué dans des tas de choses, étant en même temps leader de l’opposition nationale, député en Corrèze, maire de Paris, un jour ou l’autre candidat à autre chose, courant en Afrique…", explique Michel Roussin. "C’était un patron exigeant. Le la était donné, que ce soit à Matignon ou à l’Hôtel de Ville, le rythme a toujours été soutenu. Sous des dehors chaleureux et souriants, c’était un homme de combats."

Une force de travail et un acharnement qui ont conduit le Corrézien, au terme d’une carrière politique fleuve et à l’heure où certains se retirent, jusque sous les ors de l’Elysée. "Il s’était construit pour ça, c’était son objectif. On l’a vu, c’était ancré en lui et il avait la stature pour assumer cette responsabilité, et si longtemps !"

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Mais Michel Roussin garde surtout de l’ancien chef de l’Etat le souvenir d’un homme proche des gens, au contact facile. "Son énergie lui a permis d’être à l’écoute des gens, de prendre en compte les observations", souligne-t-il. "Ce contact lui permettra d’avoir une vision précise et différente de certains ministres". Et de conclure : "J’ai fait des déplacements extraordinaires avec lui. Il m’a appris à aimer les gens, c’était contagieux avec lui."