Martine Aubry : "On ne remet pas en cause le droit du sol pour un symbole"

Martine Aubry rend hommage à Ludovic Bombas, victime des attentats terroristes du 13 novembre
Martine Aubry rend hommage à Ludovic Bombas, victime des attentats terroristes du 13 novembre © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Rédaction Europe1.fr avec AFP , modifié à
La maire socialiste de Lille Martine Aubry est montée au créneau, jeudi, contre la déchéance de nationalité.

Une voix de plus contre la déchéance de nationalité. Et pas n'importe laquelle. Jeudi, c'est Martine Aubry qui s'élève contre cette mesure. La maire socialiste de Lille appelle le gouvernement à revenir sur son projet d'introduire dans la Constitution la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés par la justice pour des crimes terroristes : "On ne remet pas en cause le droit du sol pour un symbole."

Selon Martine Aubry, pareille mesure concernerait "des dizaines, voire des centaines de milliers de jeunes ou d'adultes, qui ont eu la nationalité française à la naissance car nés en France". La déchéance de nationalité viendrait également "jeter la suspicion sur un grand nombre de Français qui sont des binationaux" parce que l'un de leurs parents avait une autre nationalité, a-t-elle jugé.

"Rupture d'égalité" et inefficacité. Pour l'ancienne première secrétaire du PS, cette "rupture d'égalité" est d'autant plus difficile à accepter que la mesure est "portée depuis longtemps par le Front national". Elle dirigeait encore le Parti socialiste quand, en 2010, toute la gauche s'était élevée contre Nicolas Sarkozy, qui présentait la déchéance de nationalité comme un outil pour lutter contre la délinquance d'origine étrangère.

Martine Aubry a souscrit aussi à l'argument selon lequel la déchéance de nationalité dans les cas envisagés par le gouvernement "est une mesure totalement inefficace, car les terroristes n'en ont rien à faire". Le 3 décembre, après l'annonce de cette mesure devant le Congrès par le président François Hollande, Martine Aubry s'était déclarée extrêmement réservée sur l'idée de déchoir de leur nationalité française les binationaux convaincus d'actes de terrorisme, disant attendre l'avis du Conseil d'Etat.