François Fillon cible Nicolas Sarkozy et ses discours "inefficaces"

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M.B. , modifié à
Le député de Paris était le troisième candidat à la primaire de la droite invité d'une matinale spéciale, lundi, entre 7h40 et 9 heures, sur Europe 1.
INTERVIEW

L'ancien Premier ministre François Fillon, député de Paris, était le troisième invité des "Lundis de la primaire", le rendez-vous politique d'Europe 1, après Nicolas Sarkozy le 26 septembre et Nathalie Kosciusko-Morizet le 3 octobre.

  • 9 heures : dans la Social room

La croissance d'abord. Alors que certains électeurs s'inquiètent de voir que l'ancien Premier ministre ne compte pas baisser l'impôt sur le revenu s'il arrive à l'Élysée, François Fillon justifie ce choix. "Je baisse les impôts sur le travail pour qu'on retrouve le plein emploi." Ce qui permettra, selon lui, "d'augmenter le pouvoir d'achat des salariés". Une "réforme" de l'impôt sur le revenu doit venir dans un second temps, "quand on aura retrouvé une croissance, un équilibre". 

Loyauté envers Nicolas Sarkozy. Dans la social room, François Fillon se défend une nouvelle fois de mordre la main qui l'a nourrie. "Je ne suis pas contre Nicolas Sarkozy", répète celui qui a été son Premier ministre pendant cinq ans sans broncher et ne manque pas une occasion de le critiquer aujourd'hui. "Je suis en désaccord avec la manière dont il veut gouverner la France." Pour expliquer ses cinq années à Matignon, le député de Paris pointe une "loyauté absolument nécessaire". "J'ai respecté ce contrat. Aujourd'hui, j'estime que la politique qu'on a conduite n'était pas suffisante pour redresser le pays, j'en propose donc une autre."

  • 8h35 : les questions des auditeurs

Le "talent" de Karine Le Marchand. L'émission politique de la chaîne M6, "Une ambition politique", a été diffusée pour la première fois dimanche. François Fillon, qui apparaîtra dans une autre édition du programme, ne s'avoue "pas fanatique de ce genre d'émissions" mais a tout de même salué sa présentatrice, Karine Le Marchand, qui a su le convaincre d'y participer. "Elle a un certain talent pour obtenir des confessions." 

"Contrer la théorie du genre". Interrogé sur le prétendu enseignement d'une "théorie du genre" à l'école, François Fillon estime qu'elle n'est pas prônée par l'Éducation nationale, mais que "la tentation est forte". "Le débat a été mis sur la table par Monsieur Peillon", premier ministre de l'Éducation nationale du quinquennat de François Hollande, assure le député de Paris. "La ministre actuelle [Najat Vallaud-Belkacem] passe beaucoup de temps à ouvrir des débats sur des sujets qui ne sont pas fondamentaux." Selon lui, "une immense majorité des familles françaises pensent que l'Education nationale doit transmettre des compétences mais s'arrêter à la porte du domicile." Il faut donc "contrer la théorie du genre". 

Contre un service militaire "à l'ancienne". Pas question pour François Fillon de rétablir le service militaire "tel qu'on l'a connu dans le passé". "Cela ne peut pas être mis en [place]", assure le candidat à la primaire. Lui estime que les questions de discipline doivent se régler bien plus tôt. "Je suis pour qu'on rétablisse l'apprentissage de l'autorité et de la discipline à l'école primaire. Je propose qu'on avance l'âge de l'école primaire à 5 ans, pour qu'on ait un an de plus pour apprendre les fondamentaux." L'ancien Premier ministre juge que c'est l'école qui doit s'occuper en premier de la "transmission de l'autorité, du respect".

  • 8h15 : l'interview de Jean-Pierre Elkabbach

"Aucune contrepartie" à Sens Commun. François Fillon est officiellement soutenu par Sens Commun, association politique issue de la Manif pour Tous, qui milite pour une abrogation de la loi Taubira sur le mariage homosexuel. L'ancien Premier ministre assure n'avoir donné "aucune contrepartie" à Sens Commun en échange. "Ce sont eux qui ont décidé de me soutenir. Je suis totalement libre, je n'ai pas changé de discours depuis quatre ans sur ces questions de société." Le député de Paris prône en effet une réécriture de la loi sur le mariage gay, notamment sur les mesures concernant la filiation. "J'ai toujours dit la même chose, contrairement à d'autres candidats", rappelle-t-il, taclant au passage Nicolas Sarkozy qui, lui, a fait volte-face sur ce sujet.

Primaire ouverte. À droite, certains responsables politiques dénoncent les électeurs de gauche qui voudraient participer à la primaire, les accusant de "voler" le scrutin pré-présidentielle. François Fillon n'est pas de ceux-là. "Ce débat est absurde", martèle-t-il. "S'il y a quelques gens de gauche qui viennent voter, ce sera marginal." L'ancien Premier ministre refuse de ranger les électeurs qui ne sont pas militants dans un camp ou l'autre. Et cite le général de Gaulle : "vouloir gouverner la France avec une fraction, c'est une faute." 


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Dialogue "indispensable" avec la Russie. Moscou a opposé son veto à une résolution de la France pour l'arrêt des frappes sur Alep, ville syrienne visée par des bombardements intensifs depuis une semaine. Mais pour François Fillon, il est impossible de ne pas continuer de tenter de trouver un accord avec la Russie. "Ce dialogue est indispensable depuis quatre ans", estime-t-il. Selon lui, les pays occidentaux ont fait une grande erreur d'appréciation de la situation en Syrie. "On a inventé l'idée qu'il pouvait y avoir un camp modéré, qui allait pouvoir instaurer la démocratie en Syrie" alors qu'il n'y a, à son avis, de choix qu'entre Bachar Al-Assad et "les intégristes de l'État islamique". "Il n'y a rien au milieu", assure-t-il.

  • 7h40 : l'interview de Thomas Sotto

Plus jamais. Premier ministre de Nicolas Sarkozy pendant cinq ans, François Fillon en a visiblement gardé un mauvais souvenir, tant ses attaques à l'égard de l'ancien chef de l'État sont nombreuses et violentes. "Je n'accepterai plus d'être son Premier ministre", confirme-t-il sur Europe 1. "On était dans une autre configuration, je pensais qu'on pourrait redresser le pays, on n'y est pas parvenu." Le député de Paris estime notamment que "e programme [de Nicolas Sarkozy en 2007] n'était pas, de [s]on point de vue, suffisamment ambitieux." Ce mea culpa, François Fillon aurait aimé que d'autres que lui le fassent. "Je suis le premier à avoir fait la critique de notre propre action. Je trouve que beaucoup de responsables politiques n'ont pas fait ce travail et sont donc moins crédibles" pour faire des propositions aujourd'hui.


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"L'enfumage" du référendum. Nicolas Sarkozy souhaite proposer, dès son arrivée au pouvoir, un référendum sur l'internement préventif des fichés S. "Cela n'arrivera pas, c'est de l'enfumage", juge sévèrement François Fillon. Ce scrutin est, rappelle-t-il "techniquement quasiment impossible" à organiser avant les législatives. Lui suggère une autre manière de mettre les fichés S hors d'état de commettre un attentat. "Je propose de juger et mettre en prison les personnes qui sont fichées S au motif qu'elles entretiennent des relations avec nos ennemis."


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Pas de baisse d'impôts. Contrairement à bon nombre de ses adversaires à la primaire de la droite, François Fillon ne compte pas baisser les impôts s'il était élu à l'Élysée. "La priorité, c'est le redémarrage de l'économie", estime-t-il. Côté allocations chômage, le député de Paris prône la "dégressivité" et un "plafonnement du revenu de remplacement à 75%" du revenu du travail.

Fonctionnaires. François Fillon souhaite supprimer des postes de fonctionnaires, à hauteur de 500.000, en augmentant leur temps de travail. "Il faut passer à 39 heures" au lieu de 35, martèle-t-il. Ce qui aurait aussi pour effet, selon lui, de faciliter l'augmentation du temps de travail en entreprises. "Cela deviendra la référence pour les négociations dans le secteur privé."


François Fillon : "les fonctionnaires doivent...par Europe1fr

Thatcher à la française. Le député de Paris revendique une comparaison entre la politique qu'il souhaite mettre en place et celle menée par Margaret Thatcher au Royaume-Uni entre 1979 et 1990. "Margaret Thatcher a redressé son pays", rappelle-t-il. Lui veut réformer et simplifier le code du travail, sans "revenir sur ses principes fondamentaux". "Ce qui fait que l'économie française ne fonctionne pas, c'est cet amas de bureaucratie et de réglementation qui n'a rien à voir avec l'essentiel mais bloque les initiatives."

Effectifs policiers. François Fillon revient sur les suppressions de postes de policiers sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Selon lui, cela n'a pas de réel impact sur la sécurité du pays. "Il y a plus de policiers par habitants en France qu'en Allemagne ou en Angleterre", assure-t-il. "Mais ils ne sont pas organisés comme il le faut." Concernant l'attaque d'un fourgon de police au cocktail molotov ce week-end, l'ancien Premier ministre prône la fermeté. "Il faut une réponse exemplaire. Il faut juger les coupables de cette tentative de meurtre, et les enfermer." Interrogé sur le discours de Nicolas Sarkozy dimanche soir au Zénith qui a parlé de "racailles" et de "voyous", François Fillon a critiqué des "mots qui ne sont pas utiles". "On connait le discours de Nicolas Sarkozy sur le sujet, mais l'efficacité de ce discours, on la connait moins", a-t-il dénoncé. 


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