L'inquiétude monte à Loudun. Cette commune de la Vienne d'environ 7.000 habitants s'apprête à accueillir, en septembre, 90 demandeurs d'asile. Face à l'afflux de migrants sur le territoire français, l'Etat a en effet décidé de créer un centre d'accueil pour demandeurs d'asile dans une ancienne résidence de l'Afpa, l'organisme en charge de la formation professionnelle. Une réunion publique s'est tenue jeudi soir pour informer la population. Europe 1 y a assisté et a interrogé des habitants partagés entre le devoir d'accueillir les nouveaux arrivants et la peur des incivilités.
"Est-ce qu'on va voir des gens avec le voile ?" Près de 200 personnes s'étaient déplacées pour écouter les explications du sous-préfet de Châtellerault, du maire de Loudun et de la députée du lieu. Dans la moiteur de la salle municipale, les questions fusent. Au micro d'Europe 1, Agnès s'interroge : "de quelle origine sont-ils ? Est-ce qu'ils vont parler français ? Est-ce qu'on va voir des gens avec le voile ?"
Un revenu de 11 euros par jour. A plusieurs reprises, les esprits s'échauffent. Surtout lorsque le sous-préfet détaille comment vont vivre les demandeurs d'asile. Les migrants toucheront 11 euros par jour, mais n'auront pas le droit de travailler car ils n'ont pas de statut. Scandalisé, Marcel craint une explosion de la délinquance. "Aujourd'hui, si vous êtes capables de nourrir une famille avec 10 euros alors que le mari n'a pas le droit de travailler, si vous ne faites pas des petits voleurs...", lance-t-il au micro d'Europe 1.
"C'est quand même curieux", renchérit Pierre, réservé lui aussi. "Ils pourraient améliorer leur revenu de 11 euros en travaillant un petit peu. C'est un pays agricole, il y a plein de travail dans les champs. Ce serait une forme d'insertion, non ?"
Le maire n'a "pas le choix". Le maire, Joël Dazas, n'a que très peu parlé pendant la réunion. Il est est vrai que l'édile s'est vu imposer par l'Etat l'ouverture du nouveau centre. "Je comprends les inquiétudes de chacun, j'ai les mêmes", glisse-t-il. "Ce n'était pas mon projet. J'espère simplement que l'Etat aura un regard particulier sur toutes les difficultés qu'on risque de rencontrer en matière de scolarité, de santé", poursuit-t-il. Joël Dazas est-il confiant malgré tout ? "Je n'ai pas le choix", répond-il, fataliste.