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David Doukhan et R.Da. , modifié à
Les députés, qui examinent à partir de mardi la loi El Khomri, se retrouvent pris en tenaille entre le gouvernement et la très forte opposition de l’électorat de gauche.

L’examen de la loi El Khomri s’ouvre mardi à l’assemblée, et devrait s’accompagner de débats particulièrement houleux. Les députés socialistes sont nombreux à juger que le compte n’y est toujours pas, malgré les aménagements dont le texte a fait l’objet. À ce stade, 40 députés socialistes son susceptibles de voter contre, un nombre qui dépasse l’étiage habituel des seuls frondeurs, et qui pourrait obliger le gouvernement à faire usage du 49.3. L’enjeu est donc élevé pour les députés, et d’autant plus que l’électorat de gauche est toujours très hostile à cette loi. La militante féministe et ex-cadre du parti Caroline de Haas a même créé un hashtag sur twitter "#onsensouviendra".

Les députés sous pression. "Rien que la nuit dernière j’ai reçu 50 mails", raconte un élu de Paris. L'un de ses collègues, élu en Seine-Saint-Denis, abonde : "Ce sont des responsables associatifs, des militants, des gens qui pèsent… Ils m’appellent ils m’envoient des SMS". Un troisième, élu de la Loire, assure recevoir des mails depuis trois semaines à un rythme régulier. À chaque fois, le message reçu a des allures d’ultimatum, laissant entendre qu’un soutien à l’éventuelle candidature de François Hollande en 2017 pourrait être conditionné à un vote contre la loi. Ainsi, à la vingtaine de frondeurs habituels, s’ajoute désormais une quinzaine de députés hostiles. Certains confient même qu’ils espèrent le 49.3 pour pouvoir dire à leurs électeurs qu’ils n’ont rien pu faire. Une attitude qui consterne le député du Cher Yann Galut : "Ce n’est pas comme ça que l’ont fait de la politique et que l’on assume le fait d’être socialiste", déplore-t-il au micro d’Europe 1.

"La loi El Khomry c’est la gauche !" Tant que l’image de la loi sera, à tort ou à raison, celle de la casse sociale et du dumping, l’électorat de gauche y restera fermement opposé."La loi El Khomri, c’est la gauche ! Ce sont des droits supplémentaires ! C’est le progrès", s’exaspérait récemment en privé François Hollande. Un avis qu’il est presque le seul à partager. lundi après-midi, la ministre du Travail a discrètement reçu une délégation de quatre frondeurs, dont Laurent Baumel et Christian Paul. Mais la rencontre n’aura servi qu’à acter, poliment mais fermement, un désaccord de fond.