Les Sages ont écarté vendredi le recours des députés sur la loi climat-résilience. 1:30
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Hélène Terzian avec AFP , modifié à
Les Sages de la rue montpensier ont écarté vendredi le recours de plusieurs députés de gauche et écologistes concernant la loi climat-résilience. La candidate EELV à la primaire pour la présidentielle de 2022, Sandrine Rousseau, réagit au micro d'Europe 1 à cette nouvelle. Pour elle, la loi n'est pas assez ambitieuse. 

Le Conseil constitutionnel a écarté vendredi en grande partie un recours déposé par des députés concernant la loi climat-résilience, jugée insuffisante contre le changement climatique, car leurs griefs étaient "excessivement généraux", mais sans se prononcer sur la conformité de la loi par rapport à la Constitution. "Les requérants ne développent qu'une critique générale (...) de l'insuffisance de la loi prise en son ensemble et ne critiquent donc, pour en demander la censure, aucune disposition particulière", relève le communiqué. "Le Conseil constitutionnel en déduit que leur grief ne peut qu'être écarté."

"J'aurais préféré évidemment qu'ils prennent une décision actant le manque d'ambition de la loi", réagit Sandrine Rousseau, candidate EELV à la primaire pour la présidentielle de 2022 au micro d'Europe 1. "Le recours contestait la loi prise en son ensemble", jugeant qu'elle s'inscrit "dans la spirale d'inaction ayant conduit au non-respect de la trajectoire de la France en matière de réduction des gaz à effets de serre" et ne garantit pas "le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé consacré par l'article 1er de la Charte de l'environnement", rappelle le Conseil constitutionnel dans un communiqué. 

"La France doit absolument passer un cap"

Pour Sandrine Rousseau, la loi climat-résilience, "ne permet pas d'atteindre les objectifs que la France s'est elle-même fixés de réduction des gaz à effet de serre". La candidate EELV à la primaire pour la présidentielle de 2022 rappelle aussi que le pays est en "retard" par rapport à d'autres nations européennes en ce qui concerne la lutte contre le dérèglement climatique. "Aujourd'hui, la France doit absolument passer un cap", assure-t-elle. Avant d'ajouter : "c'est en France qu'a été signé l'accord historique de la COP 21 et c'est en France que l'on doit montrer l'exemple."

Une fois la loi en vigueur, il restera la possibilité de contester son contenu via la procédure de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Plus de soixante députés - PCF, LFI, PS - avaient saisi fin juillet le Conseil constitutionnel concernant la loi climat-résilience. Cette loi, inspirée du travail de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), et associée à d'autres textes et au plan de relance, permettra à la France de remplir ses engagements et de "tendre vers l'objectif de -40%" des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 1990, assurait le ministère de la Transition écologique lors de son adoption par le Parlement le 20 juillet. Mais beaucoup jugent que le compte n'y est pas, au moment où le groupe des experts climat de l'Onu, le Giec, souligne dans leur dernier rapport que le climat change plus vite qu'attendu à cause des activités humaines.

Le temps presse

En Allemagne, la Cour constitutionnelle a censuré en avril dernier une partie de la loi climat du gouvernement, la jugeant trop peu ambitieuse. Les juges ont estimé que la législation n'était "pas conforme aux droits fondamentaux" des jeunes générations, obligeant ainsi Berlin à rehausser ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à -65% d'ici 2030 comparé à 1990. En France, le Conseil d'Etat a enjoint début juillet le gouvernement à en faire plus pour respecter ses engagements de réduction de gaz à effet de serre. Saisi par la commune de Grande-Synthe et plusieurs associations, il lui a donné jusqu'au 31 mars pour revoir sa copie.

Le Haut Conseil pour le climat (HCC), organisme indépendant chargé d'évaluer la politique climatique de la France, juge aussi "insuffisants" les efforts faits par Paris. Sans compter que la Commission européenne veut maintenant réduire les émissions de l'UE de 55% d'ici 2030, ce qui va conduire à un rehaussement des engagements de la France. Greenpeace France avait déposé une "contribution extérieure" devant le Conseil constitutionnel (note juridique informelle) demandant aussi "la censure globale de la loi climat et résilience notamment du fait de son absence d'efficacité au regard des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et donc face au changement climatique".