Les prélèvements biologiques par les soldats en opérations extérieures font débat à l'Assemblée

Les soldats pouvaient jusqu'alors faire des prélèvements uniquement sur les personnes décédées et les personnes capturées.
Les soldats pouvaient jusqu'alors faire des prélèvements uniquement sur les personnes décédées et les personnes capturées. © JOËL SAGET / AFP
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avec AFP
Les élus de la gauche de la gauche craignent une atteinte "aux droits et libertés". Pour Florence Parly, la mesure "vise le cas où nos forces sont menacées". 

L'autorisation donnée aux soldats de procéder à davantage de prélèvements biologiques lors des opérations extérieures (OPEX) a suscité des débats nourris à l'Assemblée dans la nuit de jeudi à vendredi, les élus de la gauche de la gauche craignant une atteinte "aux droits et libertés". Dans le cadre de l'examen en première lecture de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, les députés ont voté un article qui permet aux soldats engagés sur un théâtre étranger de réaliser des prélèvements sur des personnes "dont il existe des raisons précises et sérieuses de penser qu'elles présentent une menace pour la sécurité des forces ou des populations civiles". Ces prélèvements seront uniquement salivaires et les personnes seront informées des "motifs et des finalités". Les soldats pouvaient jusqu'alors faire des prélèvements uniquement sur les personnes décédées et les personnes capturées.

Identification précise de l'ennemi. Ces prélèvements visent à permettre une identification précise de l'ennemi, et l'établissement d'une "cartographie" des menaces pesant tant sur les forces armées que sur les populations civiles, selon le rapporteur Jean-Jacques Bridey (LREM).  Le communiste Jean-Paul Lecoq a aussi estimé qu'"au nom de la sûreté de l'Etat, notre loi accorde un trop grand pouvoir discrétionnaire à nos forces armées hors de notre territoire", affirmant que ces prélèvements sont autorisés "sur la simple base de l'intuition" et que le texte "manque de garde-fous". "Il n'y a pas besoin de garde-fous, nos soldats ne sont pas des fous", lui a rétorqué Jean-Michel Jacques (LREM), appelant aussi les élus de la gauche de la gauche à avoir "confiance dans nos soldats, qui sont formés et entraînés, répondent à des règles d'engagement qui sont très bien précisées et très bien encadrées".

"Pas question de remettre en cause les libertés publiques". La ministre des Armées Florence Parly a rappelé pour sa part la "vive émotion" à la suite de la mort récente de deux soldats au Mali dont le véhicule avait sauté sur un IED, affirmant que si la personne qui avait placé cette mine artisanale avait fait l'objet d'un prélèvement salivaire, ce drame aurait peut-être pu être évité. "Il n'est pas question de remettre en cause les libertés publiques de populations étrangères dans leur propre pays. On vise le cas où nos forces sont menacées et menacées de mort et où l'on cherche à les préserver elles-mêmes ou bien les populations qui les entourent", a-t-elle argué, appelant elle aussi "à faire un peu confiance aux règles d'engagement de nos soldats".