Les moments forts du deuxième débat de la primaire de la gauche

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Plus animé que le premier, ce deuxième grand oral, qui a eu lieu dimanche soir, a notamment permis d'aborder la question des réfugiés et celle de la légalisation du cannabis. François de Rugy a souvent recadré le débat.

Ils avaient bien retenu la leçon. Après un premier débat qui manquait sérieusement de piquant, les sept candidats à la primaire de la gauche se sont livrés, dimanche soir, à un deuxième round plus enlevé. Crise migratoire, environnement, cannabis et échanges vigoureux avec les journalistes… retour sur les moments forts du grand oral.

Valls et Peillon s'écharpent sur l'accueil des réfugiés

Lors du premier débat, Vincent Peillon était celui qui avait distribué le plus de piques à Manuel Valls. Dimanche, le professeur était de nouveau prêt à faire la leçon à l'ancien Premier ministre. Le sujet de la crise des réfugiés lui a donné une belle occasion de le faire. "Nous avons un profond désaccord", a-t-il lancé à l'adresse de celui qui défendait la politique d'accueil mise en place pendant le quinquennat. "J'ai le sentiment que dans ce moment, les Français étaient plus généreux que leurs dirigeants."

"J'en ai assez qu'on mette toujours en cause la France", a répondu Manuel Valls. La réponse de Vincent Peillon est venue, cinglante : "Je voudrais dire à Manuel Valls que quand on critique [ses] discours, on ne critique pas la France." L'ancien ministre de l'Éducation a rappelé le discours de Munich tenu, en février 2016, par celui qui était alors chef du gouvernement. Manuel Valls avait à l'époque déclaré que l'Europe ne pouvait pas accueillir plus de réfugiés. "Il y a eu une gêne, même du président de la République", a assuré Vincent Peillon. Et Manuel Valls de s'étonner. "Ah bon ? Je ne savais pas que tu avais ces conversations intimes avec le président…"

De Rugy recadre Pinel et Hamon

François de Rugy n'avait pas toujours eu l'occasion de briller lors du premier débat. Des discussions autour de l'environnement lui ont permis de le faire. Le président du Parti écologiste a notamment recadré Sylvia Pinel. Celle-ci venait en effet d'assurer que "le nucléaire est un gage d'indépendance énergétique de la France". "L'uranium vient à 100% de l'étranger et on continue de dire que c'est l'indépendant énergétique de la France ?", s'est agacé François de Rugy.

La proposition de "49.3 citoyen" de Benoît Hamon l'a aussi fait bondir. L'ancien ministre de l'Éducation propose en effet d'accroître la participation des Françaises et des Français dans la vie politique en leur permettant de soumettre un texte au Parlement dès que 1% du corps électoral en manifeste le désir en signant une pétition. "Cela m'étonne beaucoup que la gauche puisse proposer un processus qui donne la possibilité aux lobbies de bloquer un texte", a réagi François de Rugy. "Heureusement que cela n'existait pas" au moment de la loi Veil sur l'IVG ou encore du texte sur l'abolition de la peine de mort, a-t-il souligné.

Bennahmias confie avoir fumé du cannabis

La légalisation du cannabis a divisé les candidats. Soutenue fermement par Benoît Hamon et Sylvia Pinel, cette mesure est en revanche rejetée par Manuel Valls. Vincent Peillon et Arnaud Montebourg ont choisi un entre-deux, estimant qu'il était nécessaire d'organiser une grande conférence nationale sur le sujet pour trancher.

Fidèle à lui-même, Jean-Luc Bennahmias s'est donné en spectacle. Critiquant vertement "quarante ans d'hypocrisie", il a prôné une "légalisation contrôlée". "On ne va pas vous demander à chacun si vous avez déjà fumé", a alors lancé la journaliste de BFM TV Ruth Elkrief. On ne le lui demande pas, mais Jean-Luc Bennahmias a quand même répondu. "Ça m'est arrivé. Mais pas ce soir…"

Divisions sur l'héritage de François Hollande

Difficile d'assumer le bilan du quinquennat quand on a été (Premier) ministre d'un François Hollande très impopulaire, empêché de se représenter faute de suffisamment d'intentions de vote dans les sondages. Manuel Valls s'est néanmoins dit "fier d'avoir gouverné". "Quand on donne sa chance à la gauche dans des moments aussi difficiles, on assume ses responsabilités", a-t-il justifié. Benoît Hamon, qui est resté au sein du gouvernement pendant un peu plus de deux ans, et qui s'est montré très critique envers la ligne politique de François Hollande depuis, a logiquement préféré souligner qu'il était temps de passer à autre chose. "Il faut respecter le choix du président de la République" de ne pas briguer un second mandat, a-t-il déclaré. Choix qui, selon lui, peut "faciliter les choses en permettant [aux candidats à la primaire] de tourner la page du quinquennat".

Si François Hollande était bien présent dans les discussions, il est fort peu probable que les candidats aient été au cœur de ses préoccupations dimanche soir. Le chef de l'État a en effet préféré aller au théâtre pour voir la pièce de Michel Drucker aux Bouffes-Parisiennes. Pièce qui s'appelle "Seul...avec vous". 

Montebourg attaque sur iTELE, Ferrari riposte

Lorsqu'Arnaud Montebourg a évoqué un "mur des puissants, invisible mais bien réel", personne ne s'attendait à ce qu'il attaque ensuite directement Vincent Bolloré, propriétaire d'iTELE. "Il est allé jusqu'à détruire son outil de travail pour empêcher le pluralisme", a-t-il lancé en faisant allusion à la grève qui a paralysé la chaîne pendant plus d'un mois, et face à laquelle la direction s'est montrée inflexible.

Une réflexion qui n'a pas plu du tout à Laurence Ferrari. "La chaîne iTELE est là et bien là. Je la représente", a-t-elle répondu. Juste avant, elle lui avait demandé s'il "tenait toujours parole". Une question qui peut difficilement être innocente alors que la présentatrice et l'homme politique traînent un différend depuis la rentrée, lorsque le second avait annulé sa participation à l'émission de la première, Punchline