Les Français, grands absents d'une non-campagne présidentielle

Présidentielle
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Antonin André
Peu d’images, peu de déplacements, cette campagne donne l’impression que les candidats ne vont plus au contact des Français.

Pas de bains de foule, pas de places de marché, pas de déambulations… Les déambulations, c’était le mot-clé de la campagne de François Hollande en 2012. Départ à 6h du matin de son QG parisien pour traverser quatre départements dans la journée, les journalistes suivant en bus, pour un retour à minuit après le meeting. Marchés, assemblées d’élus, exploitations agricoles et déambulations interminables qui épuisaient les journalistes... En 2007, on avait eu droit à la campagne carte postale de Nicolas Sarkozy passant une matinée entière à serrer les mains des commerçants et des touristes au Mont-Saint-Michel ou en Camargue.

Pas de souffle. A ce stade de la campagne, les journalistes étaient rincés, essorés. Rien de tout cela en 2017. Les principaux candidats se contentent d’un ou deux meetings par semaine, un discours et puis s’en va ou de visites de salon et de professionnels : les chasseurs, les apprentis, la fédération du bâtiment, les médecins, une station de RER la nuit... Il n’y a pas de récit de campagne, pas de souffle, pas de rencontre directe entre les candidats et les électeurs.

Un fossé qui se creuse avec les électeurs. Est-ce le fossé qui continue de se creuser entre les électeurs et leurs représentants ? En tout cas, les candidats ont intégré la colère des électeurs à leur endroit, au point d’en avoir peur. Même Emmanuel Macron, le candidat rock star de la campagne, l’a mesuré lorsqu’il s’est pris un œuf en plein visage au salon de l’agriculture. Oui, le fossé s’est creusé entre les Français et leurs dirigeants politiques : il y a le procès en inefficacité qui frappent droite et gauche face au problème du chômage, et puis il y a le procès en malhonnêteté.

Défiance dans les urnes. Il ne faut pas s’y tromper les affaires juridico-financières qui frappent François Fillon et Marine le Pen éclaboussent l’ensemble du personnel politique. Cette défiance, elle se retrouve dans les enquêtes d’opinion sur la projection d’une abstention qui, pour l’heure, s’annonce particulièrement élevée pour une présidentielle : au-delà de 30%. Ce serait un niveau historique. Le précédent record étant une abstention à 29% en 2002 qui avait vu l’élimination du candidat socialiste au profit de Jean-Marie Le Pen.