Les attentats font monter la cote du FN, mais Marine Le Pen n'arrive pas à financer sa campagne

Il faut au moins 10 millions d’euros pour une campagne présidentielle, somme que Marine Le Pen devrait avoir du mal à réunir.
Il faut au moins 10 millions d’euros pour une campagne présidentielle, somme que Marine Le Pen devrait avoir du mal à réunir. © MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
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David Doukhan et R.Da. , modifié à
Le Front national n'arrive pas à réunir les sommes nécessaires pour lancer sa campagne présidentielle alors que le parti semble pourtant dans une dynamique positive.

Le Front National se réjouit de recevoir de nombreuses adhésions depuis l’attentat de Nice, tandis que Marine le Pen continue de prospérer dans les sondages. Avec la menace terroriste et la faillite de la classe politique depuis vendredi, le parti frontiste engrange sur ses thèmes de prédilection. Et pourtant, rien n'est gagné. La préparation de la campagne devrait même se révéler difficile.

Plaie d'argent... Mais il y a un aspect sur lequel le contexte terroriste n’a aucun impact, c’est l’argent, le nerf de la guerre. Une campagne présidentielle coûte au bas mot 10 millions d’euros. La présidente du FN avait lancé il y a plusieurs semaines, comme vous le révélait Europe 1, des demandes de prêts auprès de plusieurs dizaines de banques, y compris étrangères, pour financer sa campagne. Or, les premières réponses sont négatives. Quant à la demande de Marine Le Pen d’être reçue par le président de la Fédération des banques françaises pour avoir des explications sur l’ostracisme dont elle s’estime victime, là encore c’est non. Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale et de la FBF, refuse de la recevoir.

... pourrait être mortelle. "On est le bec dans l’eau" à ce stade, souffle un trésorier du parti. Problème d’argent donc et problème d’organisation : Marine Le Pen n’a pas arrêté son organisation de campagne ce qui aiguise les concurrences et alimente la suspicion. À tel point que les réunions préparatoires qui se tenaient toutes les semaines à Nanterre, pour réfléchir sur la stratégie et la communication, ont été supprimées. "Trop de fuites", "ambiance pourrie", témoigne l’un des participants qui met en cause notamment l’influence toute puissante, pour ne pas dire le despotisme, de Florian Philippot, numéro 2 du mouvement.

Front républicain. Pourtant, tous les sondages garantissent à Marine le Pen une qualification pour le second tour de la présidentielle. Mais la victoire, elle, semble hors de portée, même avec le contexte terroriste. C’est en tous cas ce qu’un certain nombre de cadres du FN ont intégré. Lors des régionales, qui se sont tenues exactement un mois après les attentats du 13 novembre, le réflexe du Front républicain a continué à mobiliser fortement la gauche, la barre des 50% reste quasi infranchissable pour le FN, alors même que la France était encore totalement traumatisée par l’ultra-violence islamiste.

La guerre des ambitieux. Cette impossibilité à l’emporter au second tour est à ce point intégrée au Front que l’horizon pour la nouvelle génération c’est déjà l’après 2017, voire l’après Marine Le Pen. La succession est ouverte et âprement disputée : Marion Maréchal Le Pen d’un côté, icône d'un FN tradi du sud, et le fils spirituel Florian Philippot, image d'un FN étatiste et ouvrier du Nord. Sur la famille, sur le mariage gay, sur l’économie, tout les sépare. La guerre est donc d'ores et déjà déclarée.