La France insoumise 2:47
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Alexandre Chauveau et Alexis Delafontaine, édité par Juline Garnier
Après l'accord trouvé la nuit dernière avec les Verts, les insoumis tentent maintenant de s'entendre avec les socialistes. Les discussions ont pris pas mal de retard, car il s'agit de s'accorder sur des enjeux majeurs, comme la place de la France dans l'Union européenne, ou l'abrogation de la loi séparatisme votée l'an dernier.

Bientôt une fumée blanche dans le ciel de Paris ? Au siège de la France insoumise dans le 10e arrondissement, les socialistes et les Insoumis tentent de s'entendre pour la conclusion d'un accord pour les élections législatives, qui signerait une union de la gauche. Les deux formations finalisent les derniers détails depuis 10 heures ce matin. Après une longue pause déjeuner à 16 heures, c'est la reprise des négociations. "On ne va quand même pas régler tous les points en l'espace de quelques heures alors que ça fait maintenant dix ans qu'on ne se parlait plus", s'agace Pierre Jouvet, représentant du PS, justifiant la durée des échanges. 

Sept heures d'échanges

Le mot d'ordre est donc : "On s'était dit rendez-vous dans dix ans." Mais le gros blocage, c'est évidemment la répartition des sièges. Selon un négociateur insoumis, les socialistes en demande 100, mais on en propose 70. Et pour l'occasion, Olivier Faure est venu en personne pour défendre les intérêts du PS, sans pression sur le délai.

"On n'a pas de calendrier préfixé avec les dates fétiches etc. On est là parce que je crois vraiment profondément à ce que nous puissions réveiller ensemble un espoir dans ce pays", tempère le secrétaire général du Parti socialiste. Sept heures d'échanges se sont déjà écoulées pour les socialistes, pendant que les communistes et le NPA attendent leur tour.

Un accord, mais à quel prix ?

Ces longues discussions s'apparentent à un marchandage de circonscription. Dans le fond, Insoumis et socialistes sont d'accord sur la retraite à 60 ans ou le Smic à 1.400 euros. En revanche, le PS va devoir consentir à des concessions majeures. Les socialistes peuvent parler d'un renoncement sur plusieurs sujets, au premier rang desquels l'Europe, puisque l'accord prévoit la désobéissance aux traités européens. "On n'est pas anti-européens, mais pragmatiques", justifie un cadre du PS.

Mais cela représente néanmoins une rupture radicale avec la doctrine et l'histoire du Parti socialiste, historiquement pro-européen. De François Mitterrand à François Hollande en passant par Jacques Delors ou Pierre Moscovici. Ce serait tout simplement la première fois qu'un parti de gouvernement inscrirait dans son programme la non-application des traités.

L'autre importante concession, c'est l'abrogation de la loi El Khomri, mesure proposée par la France insoumise et sur laquelle le PS s'est aligné. Une concession, parce que la loi avait été votée sous le quinquennat de François Hollande et par le gouvernement de Manuel Valls. Enfin, l'accord entre les deux partis prévoit l'abrogation de la loi séparatisme votée l'an dernier, loi qui s'inscrit dans le prolongement des lois antiterroristes votées là encore sous François Hollande. Les Insoumis s'y étaient unanimement opposés. Les socialistes, eux, s'étaient abstenus.