Législatives : la deuxième étape du "dégagisme" ?

Ancienne ministre et vice-présidente de l'UMP, candidate dans une circonscription réputée imperdable pour la droite, Nathalie Kosciusko-Morizet pourra devenir le symbole du "dégagisme" aux législatives.
Ancienne ministre et vice-présidente de l'UMP, candidate dans une circonscription réputée imperdable pour la droite, Nathalie Kosciusko-Morizet pourra devenir le symbole du "dégagisme" aux législatives. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Les élections législatives pourraient, après la présidentielle, mettre sur la touche plusieurs leaders politiques et accentuer le renouveau entamé par la victoire d’Emmanuel Macron. 

"Dégagisme", épisode 2 ? Après une présidentielle meurtrière pour des poids lourds de la politique française - Nicolas Sarkozy, François Hollande, Alain Juppé, François Fillon sont passés à la trappe -, les législatives pourraient voir d’autres ténors, installés dans le paysage depuis de nombreuses années, ou d’anciens ministres, essuyer une défaite. Les premiers résultats des 11 circonscriptions des Français de l’étranger d’une part, les sondages d’autre part, laissent en tout cas penser que le renouveau de la classe politique voulu par le nouveau président Emmanuel Macron est bel et bien en marche.

  • Les Français de l’étranger donnent le ton

Les 11 circonscriptions des Français de l’étranger, où les électeurs ont voté samedi et dimanche dernier, pourraient voir élire 11 nouveaux députés, dont dix investis par En Marche. Autre marque de la volonté de renouveau des électeurs, parmi les sortants en (grand) danger, quasiment certains de ne pas être réélus, figurent trois anciens membres de gouvernement. A chaque fois, leurs adversaires, tous soutenus par La République en marche, ont dépassé la barre des 50% des suffrages exprimés, mais la faible participation leur offre un sursis, sans doute vain, jusqu’au 18 juin.

Frédéric Lefebvre, député sortant de la première circonscription, celle d’Amérique du Nord, et secrétaire d’Etat au Commerce entre 2010 et 2012, n’a ainsi recueilli que 14,53% des voix, contre 57,53% à Roland Lescure. Axelle Lemaire, dans la troisième circonscription (Europe du Nord), secrétaire d’Etat chargée du Numérique entre 2014 et 2017, est, elle aussi, en ballotage extrêmement défavorable. Celle qui l’avait emporté en 2012, n’a ainsi obtenu que 9,83% des suffrages, contre 57,80% pour Alexander Holroyd. Enfin, Thierry Mariani, dans la 11ème circonscription (Asie-Russie), a lui aussi été balayé. L’ancien ministre des Transports (2010-2012) de Nicolas Sarkozy n’a recueilli que 18,78% contre 54,11% à Anne Genetet.

  • Une tendance fatale à des poids lourds ?

Ces résultats sont à manier avec prudence, car l’électorat des expatriés est particulier. Mais les sondages semblent donc confirmer cette tendance. La République en marche est donnée largement gagnante au plan national, et des projections lui octroient jusqu’à 400 sièges dans la future Assemblée. "Il y a un vrai mouvement de confirmation de la victoire d’Emmanuel Macron. Il est logique que les Français ne se dédient pas", explique Frédéric Dabi sur Europe 1. Mais le directeur général de l’Ifop n’oublie pas l’autre facteur. "C’est l’histoire électorale et politique depuis un an et demi, avec cette vague 'dégagiste'", analyse le sondeur.

"Ma voix peut s'éteindre". Frédéric Dabi prévoit ainsi "une marginalisation absolue pour le Parti socialiste et un très fort affaiblissement des Républicains". Avec, comme conséquence, "la disparition de personnalités emblématiques". Au soir du 18 juin en effet, plusieurs ténors de la politique pourraient se retrouver sans mandat, le bec dans l’eau. "Ma voix peut s’éteindre", admet ainsi dans Le Parisien Nathalie Kosciusko-Morizet. Placée dans la deuxième circonscription de Paris, réputée imperdable pour la droite, NKM est pourtant donnée largement battue par un sondage Ifop paru dans le JDD, face à son adversaire LREM. L’ancienne ministre, également ex-vice-présidente de l’UMP, candidate à la primaire de la droite et députée, pourrait devenir la victime emblématique de cette adjonction d’une vague En Marche ! et du "dégagisme" ambiant.

Des poids lourds menacés. Mais il devrait y en avoir d’autres. Manuel Valls se présente sans étiquette mais bénéficie de la mansuétude et du Parti socialiste et de La République en marche, qui n'ont placé aucun candidat face à lui dans son fief d’Evry. Mais il n’est pas pour autant assuré de l’emporter. Une défaite de l’ex-Premier ministre serait là aussi lourde de sens. Tout comme le serait celle de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, député de Paris depuis 1997, clairement menacé dans la 16ème circonscription de la capitale par Mounir Mahjoubi, le jeune secrétaire d’Etat chargé du Numérique.

D’autres poids lourds sont en difficulté : Cécile Duflot, déjà battue à la primaire des écologistes, pourrait essuyer une nouvelle défaite dans la sixième circonscription de Paris. "Sur le papier, c’est perdu", lâchait dimanche dans le JDD l’ancienne ministre des Transports. Benoît Hamon, candidat socialiste balayés à la présidentielle (6,3% des voix), est lui aussi menacé dans la 11ème circonscription des Yvelines. Enfin, Najat Vallaud-Belkacem, qui avait choisi de se présenter dans la sixième circonscription du Rhône plutôt que la quatrième, plus difficile, se dirige elle aussi vers une défaite.

EN DIRECT : le 1er tour des élections législatives 2017, le 11 juin sur europe1.fr