Législatives : ces ministres candidats qui jouent gros

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Mounir Mahjoubi, Marielle de Sarnez, Bruno Le Maire, Annick Girardin, Richard Ferrand et Christophe Castaner sont ministres et candidats aux législatives. © AFP
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S'ils sont battus les 11 et 18 juin prochains, les ministres candidats aux élections législatives devront démissionner. Et la partie est loin d'être gagnée pour les six concernés.

C'est une règle, édictée pour la première fois en 2007 par Nicolas Sarkozy, que François Hollande avait décidé de reconduire en 2012 et qu'Emmanuel Macron a, à son tour, reprise à son compte. Les personnalités nommées au gouvernement également candidates aux élections législatives ont l'obligation de démissionner si elles sont battues au niveau local.

Au total, six ministres et secrétaires d'État du nouveau gouvernement Philippe sont concernés par cette règle. Et pour certains, la bataille s'annonce compliquée.

Richard Ferrand à l'aise dans le Finistère

Dans la sixième circonscription du Finistère, tout semble sourire à Richard Ferrand, par ailleurs ministre de la Cohésion des Territoires. Il se présente en terrain conquis : c'est lui le député sortant, arrivé premier du premier tour des législatives de 2012, en dépit d'une candidature dissidente du PS de Christian Troadec, avant de battre le candidat UMP au second tour avec 58,36% des voix. Par ailleurs, Emmanuel Macron est arrivé en tête à la présidentielle dans cette circonscription, avec près de 28% des suffrages. Sur le papier, donc, cette circonscription est largement gagnable.

Mais le ministre et marcheur de la première heure aura de sérieux adversaires en face. Christian Troadec d'abord, le maire de Carhaix. Avec un Jean-Luc Mélenchon arrivé deuxième dans la circonscription à la présidentielle, et qui mise désormais tout sur les législatives, Jean-Michel Lucas, candidat pour la France Insoumise, est aussi un concurrent de taille.

Compliqué pour Bruno Le Maire dans l'Eure

Cela risque déjà d'être plus compliqué pour Bruno Le Maire dans la première circonscription de l'Eure. Certes, le ministre de l'Économie y est élu depuis 2007 avec, toujours, une confortable avance. Mais plusieurs éléments risquent de le mettre en difficulté. D'abord, c'est le Front national qui est arrivé en tête dans cette circonscription au premier tour de la présidentielle, avec plus de 29% des suffrages.

Ensuite, en choisissant de rejoindre le gouvernement Philippe, Bruno Le Maire s'est attiré les foudres des Républicains, qui placeront un candidat LR face à lui. Le député de l'Eure n'avait pas tellement profité de son ancrage local lors du premier tour de la primaire de la droite, puisque le département l'avait porté à 10,4%. Ce qui était certes beaucoup plus que son score national (2,5%) mais ne lui permettait de décrocher que la quatrième place. Une candidature dissidente mettra donc en grande difficulté celui qui apparaît isolé sur la scène nationale.

Annick Girardin en place à Saint-Pierre et Miquelon, mais…

La ministre des Outre-mer ne livrera pas sa première bataille dans la circonscription de Saint-Pierre et Miquelon. Élue députée pour la première fois en 2007, au second tour, elle l'avait aussi emporté dès le premier tour cinq ans plus tard, puis pour les législatives partielles de 2014.

Mais la donne pourrait bien avoir changé sur l'archipel qui, pour la présidentielle, a largement préféré Jean-Luc Mélenchon (35,4%) à Marine Le Pen (18,2%) et Emmanuel Macron (18%). Au second tour, le candidat d'En Marche n'y avait obtenu "que" 63,3% des suffrages, soit près de trois points de moins qu'au niveau national. Et ce, alors même qu'Annick Girardin avait appelé à voter pour lui avant le premier tour.

Marielle de Sarnez face à un poids lourd à Paris

La candidate MoDem, eurodéputée et désormais ministre chargée des Affaires européennes, se lance pour la seconde fois dans la 11e circonscription de Paris, qui correspond à une partie des 6e et 14e arrondissements. Elle avait déjà tenté l'aventure en 2007 mais ne s'était pas qualifiée pour le second tour.

La partie s'annonce encore une fois très difficile. Certes, Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle dans cette circonscription, avec près de 39% des suffrages. Mais Marielle de Sarnez a, face à elle, un poids lourd de la politique : le député PS sortant Pascal Cherki, ex-maire du 14e arrondissement, clairement identifié comme un frondeur et donc porteur d'une offre politique radicalement différente. On se souvient que Nathalie Kosciusko-Morizet, qui devait au départ se présenter face à lui, s'est finalement rabattue sur la deuxième circonscription (5e, 6e et 7e arrondissement), réputée moins imprenable. C'est dire si Pascal Cherki n'est pas un adversaire pris à la légère.

Christophe Castaner dans des Alpes-de-Haute-Provence pas très macronistes

Le nouveau secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, également porte-parole du gouvernement, se représente dans sa deuxième circonscription des Alpes-de-Haute-Provence. Il y avait été élu avec 54% des suffrages il y a cinq ans.

S'il espère bien rempiler, Christophe Castaner sait qu'il se lance dans un territoire qui n'est pas acquis au mouvement d'Emmanuel Macron. Au premier tour de la présidentielle, celui-ci n'y est arrivé que troisième, derrière Jean-Luc Mélenchon (22,93%) et Marine Le Pen (22,81%). Une bonne nouvelle néanmoins pour le porte-parole du gouvernement : le Parti socialiste, privé de candidat, a décidé de n'investir personne face à lui.

Mounir Mahjoubi contre Cambadélis à Paris

Le petit jeune du gouvernement (33 ans), secrétaire d'État au Numérique, ne doit pas seulement se familiariser avec son premier ministère. Il lui faut aussi mener sa première campagne législative, dans la seizième circonscription de Paris (qui correspond au 19e arrondissement).

Et pour une première, cela s'annonce ardu. Le candidat face à lui n'est autre que Jean-Christophe Cambadélis, élu en 2012 face à un adversaire UMP avec le score remarquable de 70% des voix. Au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête dans cet arrondissement populaire, avec 30,52% des voix. Certes, le PS n'est plus en odeur de sainteté, mais Mounir Mahjoubi souffre encore d'un déficit de notoriété. Ce dernier a promis qu'il démissionnerait en cas de défaite. Pour l'instant, ce n'est arrivé qu'une seule fois. En 2007, Alain Juppé, nommé ministre de l'Écologie mais battu dans son fief girondin aux législatives, avait quitté son poste moins d'un mois plus tard.

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