Pierre-Emmanuel Begny, maire de Saäcy-sur-Marne, auteur de "Crise de Maire" chez Buchet Chastel 2:10
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Cédric Chasseur
Invité de la matinale d'Europe 1, Pierre-Emmanuel Begny a le sentiment d'être devenu "le larbin de l'Etat" et le "punching-ball de la société". Au terme de son premier mandat de maire à Saâcy-sur-Marne, l'auteur de "Crise de Maire" aux éditions Buchet Chastel, renonce à affronter une seconde fois le suffrage universel en mars 2020. 
INTERVIEW

Selon un récent sondage Odaxa, le maire est l'élu le plus populaire aux yeux des Français. Ils sont 63% à avoir une bonne opinion de leur édile. Pourtant, beaucoup jette l'éponge à l'approche des prochaines élections municipales de mars 2020. Comme Pierre-Emmanuel Begny, maire de Saâcy-sur-Marne, qui ne retentera pas l'expérience au terme de son premier mandat. "La fonction est devenu un métier", selon l'élu, auteur de Crise de Maire à paraître en janvier, et qui a le sentiment d'être pris en étau. D'un côté, "l'Etat décide et les maire exécutent", explique-t-il, lui donnant le "sentiment amer d'être un peu le larbin de l'Etat". De l'autre, il doit faire face à "des administrés exigeants, qui attendent tout de votre part très rapidement", provoquant le "gout amer d'être le punching-ball de la société".

L'ombre de la mort

Pierre-Emmanuel Begny, qui exerce un autre métier à coté, touche une indemnité de 1.200 euros en tant que maire. Sauf qu'être à la tête d'un conseil municipal de 18 élus dans une ville de 2.000 habitants, c'est plus qu'un travail à plein temps. "Maire, c'est comme être patron de PME, avec les responsabilités pénales, civiles et administratives en plus", estime-t-il. Sauf que le droit à l'erreur est "minime" à ce poste, même lorsque vous devenez maire du jour au lendemain. "Vous n'avez pas le temps d'apprendre, on vous donne un parachute sans le mode d'emploi." Pierre-Emmanuel Begny a d'ailleurs été surpris "que la mort prenne une place aussi importante" dans son mandat. "Il a fallu que j’aille annoncer les décès d’enfants à leurs parents. J’ai du intervenir sur des situations de suicides, d’accidents de la route très violents. Je n’avais pas imaginé cela en me présentant."

 

Un maire "pris en otage"

Mais le maire de Saâcy-sur-Marne regrette surtout la baisse des dotations de l'Etat, qui ont "changé les règles en cours de route". Au cours de ce mandat, "le plus destructeur pour l'économie territoriale" selon lui, les maires se sont retrouvés "piégés", "pris en otage". "On vous demande de faire plus ou aussi bien avec moins d'argent", peste-t-il. Sauf que le maire a été élu "sur un programme" et que les administrés "ne comprennent pas toujours que vous changiez la feuille de route". Les gens n’hésitent d'ailleurs plus "à venir dire les choses quand elles ne vont pas". "Mais lorsque vous n'êtes pas responsable de la situation, vous en prenez plein la figure", soupire Pierre-Emmanuel Begny. Il reconnait avoir déjà subit des insultes sur les réseaux sociaux. "Ce n'est pas très encourageant, mais c'est le propre des personnalité publiques désormais", déclare-t-il, défaitiste. "Le respect du maire, comme c’était le cas avant de l’instituteur ou du prêtre, c’est terminé. »