Le réquisitoire très dur de Christiane Taubira contre la gauche

Christiane Taubira, 1280x640
© Jewel Samad / AFP
  • Copié
Antonin André
Dans une longue interview à l'hebdomadaire Le Un, Christiane Taubira revient sur les maux d’une gauche qui bute sur ses propres renoncement. 

C'est un réquisitoire implacable contre sa propre famille politique. C'est un exercice d’introspection philosophico-historique comme Christiane Taubira nous y a habitués. C’est dans l’histoire que l’ancienne ministre de la Justice va chercher des voies pour aider la gauche à se sauver. Explications.

Taubira reproche à la gauche d'avoir arrêté de penser. L’une de ses références nous ramène directement à la IIIe République. "Des Hugo, Lamartine, Aragon au gouvernement, au Parlement dans un même mouvement créaient, réfléchissaient, s’investissaient dans l’action", écrit-elle. Le principal reproche que Christiane Taubira fait aux siens c’est d’avoir arrêté de réfléchir, de penser et donc de créer, de trouver des solutions.

"La gauche est impuissante". "A entendre le bruit de la campagne de la primaire de la gauche, à scruter les programmes des uns et des autres, en dehors du revenu universel qui ne dessine pas à lui seul un projet de société, on est forcé de reconnaître que la gauche aujourd’hui est incapable de redonner de l’espoir, de se réinventer", écrit-elle encore dans Le Un. "La gauche est impuissante, tétanisée, sa créativité est étranglée". Autant dire que pour la présidentielle à venir, même si elle ne le dit pas formellement, Christiane Taubira ne donne pas cher des chances de victoire pour la gauche…

Taubira va-t-elle soutenir un candidat ? Mais est-ce qu’elle s’engage pour l’un ou l’autre des candidats à la primaire ? Non, pas question. Elle n’est pas candidate, elle le redit et elle s’indigne avec humour qu’on lui en fasse grief. "Je me présente en 2002, je suis coupable de l’échec de la gauche. Je ne me présente pas en 2017, je suis coupable du probable échec de la gauche. Heureusement que j’ai un mental d’acier !", ironise-t-elle. Mais pour le reste, elle ne soutient personne. Elle démonte la candidature de Manuel Valls, "l’homme qui a muselé le Parlement, qui a souligné les angles au lieu de les arrondir".

Une réflexion stérile. Mais elle n’en dit pas plus, et c’est la limite de l’exercice. La politique exige de s’engager fortement, clairement, concrètement, d’être candidat ou de soutenir un candidat pour agir. Christiane Taubira se pose en procureur, brillante, érudite et écoutée. C’est intéressant, ça nourrit la réflexion, mais c’est un peu stérile. Du haut de sa chair, elle assiste au suicide collectif des candidats à la primaire, souligne leurs faiblesses mais refuse de s’en mêler.