Laurent Wauquiez reproche son "écoute" tardive à Emmanuel Macron, pour qui des politiques se "défaussent"

Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez ont eu un échange inédit jeudi, à Valence. (photo d'archives)
Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez ont eu un échange inédit jeudi, à Valence. (photo d'archives) © AFP - Montage Europe 1
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le président des Républicains a estimé jeudi, lors d'un débat avec des élus et Emmanuel Macron, avec qui il n'a échangé aucun regard, que l'Etat a "tourné le dos aux territoires". 

Le président des Républicains Laurent Wauquiez a reproché à Emmanuel Macron son "écoute" tardive, responsable selon lui des "tensions" dans le pays, le chef de l'Etat évoquant en retour des responsables politiques qui se "défausse(nt)", jeudi lors du débat organisé dans la Drôme. Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez, convié en tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avaient auparavant échangé lors d'un tête-à-tête. "Si cette écoute avait eu lieu dès le début, on se serait épargné bien des tensions dans le pays", a déclaré Laurent Wauquiez durant le débat, auquel assistaient également une soixante d'élus de la région.

Laurent Wauquiez accuse. "Les problèmes, on les connaît. D'abord les retraites" qui sont "trop petites". Ensuite "l'impôt est injuste car il repose au milieu" (sur les classes moyennes, ndlr). Troisièmement, "nos territoires ont le sentiment de n'être ni aidés, ni respectés", a développé le patron de LR, sans quasiment échanger un regard avec le président. "Depuis deux ans, on a l'impression que vous avez tourné le dos aux territoires". "Je n'ai aucune réponse sur les petites lignes ferroviaires" et "au lieu de mettre de l'argent sur les moyens de transport vous nous mettez les 80 km/h", a accusé Laurent Wauquiez. "Le problème principal est qu'il faut réconcilier, mettre la France ensemble. Il y a eu trop de gestes qui donnent à penser que la France est à plusieurs vitesses. Il faut réconcilier la France des villes et la France rurale", a jugé Laurent Wauquiez.

"Faut voir l'état dans lequel on a pris le pays". "Je ne voudrais pas qu'il y ait des caricatures" mais "il faut voir l'état dans lequel on a pris le pays", a notamment répondu Emmanuel Macron. "Je ne me défausse pas mais l'Etat a vécu une crise financière. Certains s'en souviennent qui avaient des responsabilités ministérielles, qui ont eu à prendre des décisions d'économies qui étaient utiles et qui ont conduit à réduire les dotations des collectivités locales et à baisser d'autres dépenses", a développé le chef de l'Etat face à l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy. "Même quand on a des responsabilités, on se défausse, quand il y a des problèmes, pour les mettre sur la tête du président", a-t-il jugé. Emmanuel Macron a fait l'éloge de la "décentralisation" et de la "déconcentration" pour "des décisions au plus près du terrain", en jugeant le processus "trop lent". "Il faut qu'on puisse accélérer et rouvrir des services publics pour avoir une répartition de nos fonctionnaires repensée à l'aune de nos territoires", a-t-il dit.

Une "mise en scène très bien rodée". A la sortie, devant la presse, Laurent Wauquiez a "mis en garde" Emmanuel Macron : "la séance d'aujourd'hui, c'est très bien, c'est une mise en scène bien rodée, des invitations filtrées". Mais "ce à quoi on est en train d'assister, c'est des voyages dans une bulle". "Il faut qu'il aille sur le terrain et qu'il échange directement avec les Français sans filtre, parce que sinon le débat va tourner à vide et ce sera un échec, et ça n'est pas ce que je souhaite", a dit le président d'Auvergne-Rhône-Alpes. Comme l'a fait savoir le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume jeudi, le président devrait échanger prochainement avec des citoyens.