Jouyet-Fillon : règlement de comptes au tribunal

Fillon Jouyet AFP 1280
François Fillon et Jean-Pierre Jouyet. © AFP
  • Copié
Chloé Triomphe et Louis Hausalter
PROCÈS - L'ancien Premier ministre poursuit en diffamation le secrétaire général de l'Elysée ainsi que les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme.

Le tribunal correctionnel de Paris se penche jeudi sur une affaire qui a secoué le lanterneau politique en novembre dernier. François Fillon poursuit en diffamation le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet, mais aussi les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ainsi que leur journal et leur éditeur.

"Tapez vite !" A l'origine de l'affaire, le livre des deux journalistes du Monde, Sarko s'est tuer, dans lequel ils affirment que François Fillon a demandé à Jean-Pierre Jouyet d'accélérer les poursuites judiciaires contre Nicolas Sarkozy, lors d'un déjeuner en juin 2014. "Tapez vite !", lui aurait intimé l'ancien Premier ministre, qui dément formellement avoir tenu ces propos.

Ce déjeuner, c'est Jean-Pierre Jouyet qui l'a raconté aux deux journalistes. Ceux-ci disposent d'une bande enregistrée de leur entretien avec le secrétaire général de l'Elysée, dont la diffusion lors de l'audience risque d'accentuer le malaise entre les deux hommes.

"Une opération politique". "François Fillon, qui a voulu ce procès, il l'a. Je ne pense pas qu'il en sorte grandi", estime François Saint-Pierre, l'un des avocats du Monde. Pour lui, l'ancien locataire de Matignon a des arrière-pensées politiques. "Si François Fillon mène cette action judiciaire, c'est uniquement pour se dédouaner auprès de Nicolas Sarkozy de l'accusation de traîtrise dont il a fait l'objet", assure-t-il. Côté Fillon, on crie aussi au coup monté. Pour l'avocat de l'ancien locataire de Matignon, Jean-Pierre Versini-Campinchi, le député de Paris est victime "d'une opération politique réfléchie" pour le "détruire".

Jugement en délibéré. François Fillon sera présent devant le tribunal. Jean-Pierre Jouyet est attendu, mais son agenda de secrétaire général de l'Elysée peut légitimer toute absence de dernière minute.  A l'issue de l'audience, prévue sur la journée, le tribunal devrait mettre son jugement en délibéré à plusieurs semaines.