Jean-Luc Mélenchon, un positionnement idéologique qui interroge

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Jean-Luc Mélenchon, en mars à Rome. © AFP
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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Ancien ministre de Lionel Jospin, fondateur du Parti de gauche, soutenu par le parti communiste, Jean-Luc Mélenchon est un homme venu de la gauche mais dont la campagne dérive vers le populisme.

Jean-Luc Mélenchon en meeting à Marseille, sur la plage du Prado, ouvrant les bras à l’autre rive de la Méditerranée. "Notre chance c’est le métissage !", lance-t-il à la foule sous les youyous. À la tribune, il célèbre "les arabes et les berbères" qui ont apporté en Europe "la science, les mathématiques ou la médecine" au temps où "l'obscurantisme jetait à terre l'esprit humain".  Ça, c’était  Jean-Luc Mélenchon en campagne présidentielle version 2012. En 2017, il n’ouvre plus les bras, il déclare, ce sont ses mots : "Une fois que les gens sont là, que voulez-vous faire? Les rejeter à la mer? Non, c'est impossible. Donc il vaudrait mieux qu'ils restent chez eux." 

L’attachement à la patrie et au drapeau. Ses alliés communistes s’étranglent et avec eux une partie des écologistes. Jean-Luc Mélenchon a changé. Il met en avant, aujourd’hui, non plus les valeurs internationalistes et d’ouverture de la gauche mais l’attachement à la patrie et au drapeau.

"L’ère du peuple". On lui reprochait en 2012 ses accents populistes, aujourd’hui, il a totalement basculé. Lui-même théorise ce glissement dans un livre écrit en 2014,  L’ère du peuple. "L’ère du peuple", ça rappelle "Au nom du Peuple", le slogan de campagne de Marine Le Pen, celle qui l’a devancé à la présidentielle de 2012, qui l’a étrillé à Hénin-Beaumont la même année et qui a poursuivi son ascension alors que le Parti de gauche de jean-Luc Mélenchon stagne.

Des propositions communes avec le FN. Mettre le peuple en avant permet de transcender les clivages politiques et de dissoudre les étiquettes droite/gauche. Marine Le Pen applique cette méthode avec succès depuis des années, Jean-Luc Mélenchon s’y est converti sur le tard. Je ne dis pas que Jean-Luc Mélenchon est "égal" à Marine le Pen. Il n’est pas xénophobe, il ne vient pas de l’extrême-droite, mais il joue le peuple d’abord comme Marine Le Pen. Au point d’ailleurs que l’on retrouve des propositions communes chez l’un et chez l’autre, sur la retraite à 60 ans, la défense des services publics, le protectionnisme et l’europhobie.

Populiste tous les deux, mais avec, si on en croit les sondages, des fortunes diverses. Jean-Luc Mélenchon ne décolle pas des 12-13% d’intentions de vote, loin, très loin, d’une place qualificative pour le second tour et de la présidente frontiste qui fait la course en tête.