Isabelle Juppé et Pénélope Fillon, les femmes de l'ombre

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Isabelle Juppé et Penelope Fillon ont toutes les deux vécu à Matignon. © REMY GABALDA / AFP JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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R.Da. , modifié à
Alors que de la campagne de la primaire s’emballe dans sa dernière ligne droite, Pénélope Fillon et Isabelle Juppé, d’ordinaire particulièrement discrètes, défendent les ambitions de leurs époux.

Quelques semaines avant le premier tour, deux visages, peu connus du grand public, sont entrés dans la campagne de la primaire. Isabelle Juppé et Pénélope Fillon, les épouses respectives du maire de Bordeaux et de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, réputées pour leur discrétion, se sont, à leur manière, lancées dans la bataille.

"Si Isabelle ne m'avait pas suivi, je crois que j'aurais renoncé. Mardi soir, Isabelle Juppé s’est jetée à l’eau pour défendre son mari, le favori devenu challenger à l’issu du premier tour. "Je n’ai pas l’habitude de faire les discours, j’ai l’habitude de les écouter", a-t-elle confié sur la scène du meeting toulousain d’Alain Juppé. "Il me redonne le goût de la politique que moi aussi, comme vous tous, j’ai un peu perdu", a-t-elle encore déclaré, décrivant notamment son mari comme un homme rassurant et raisonné dans les moments graves. Jusqu’à présent, cette femme discrète, ancienne journaliste de 55 ans, s’était seulement contentée d’une interview à Vanity Fair, le 26 octobre. Mais là encore, elle refusait d’occuper la lumière, allant même jusqu’à conseiller à la journaliste d’interroger la première épouse d’Alain Juppé, "une femme formidable, bien plus intéressante que moi – je le dis sans fausse modestie. Elle, ce serait un vrai beau portrait".

Pourtant, Alain Juppé l’avoue dans les colonnes de Vanity Fair, il ne se serait pas lancé dans l’aventure de la primaire sans l’accord d’Isabelle, rencontrée en 1988 alors qu’elle était journaliste politique à La Croix. À cette époque, la jeune femme est encore mariée à un avocat, père de ses deux aînés. Elle épouse finalement Alain Juppé en 1993, et l’aurait initié aux nouvelles technologies et à l’écologie, via la lecture des ouvrages de Pierre Rabhi, croit savoir Le Point. "Si Isabelle ne m'avait pas suivi, je crois que j'aurais renoncé. C'est elle, mon bonheur, celle qui m'apaise et me donne de l'équilibre", a confié le maire de Bordeaux à Vanity Fair. Dans le même magazine, l’intéressée se défend d’être "une conseillère politique". Le couple a une petite fille, Clara, née en 1995. Une année faste pour Juppé, qui devient alors le premier chef de gouvernement de Jacques Chirac.

Pénélope Fillon, "l’extrême discrétion et l’humilité". Chez Pénélope Fillon, rarement aperçue pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la pudeur est également de mise. Cette Britannique de 60 ans, mi-galloise mi-anglaise, mère de cinq enfants et trois fois grand-mère, est depuis 2014 conseillère municipale du petit village de Solesmes dans la Sarthe, ancienne terre d’élection de son mari. Un mari qu’elle a rencontré dans les années 1970, pendant ses études en France, et épousé deux fois en 1980, dans la Sarthe et au Pays de Galles. Les ambitions présidentielles de François Fillon l’ont obligées à sortir de l’ombre. Elle parraine "Les Femmes avec Fillon", un groupe réunissant notamment plusieurs femmes politiques et faisant valoir les mesures féministes portées par le candidat. "Elle a fait beaucoup de campagnes avec moi, mais toujours dans l’ombre", a commenté ce dernier sur RTL. "Vous ne la verrez pas sur les écrans de télévision", a-t-il averti, évoquant "l’extrême discrétion et l’humilité" de sa femme.

C’est un autre point commun que Pénélope Fillon partage avec Isabelle Juppé ; toutes les deux ont connu l’hôtel Matignon. Si Alain Juppé a dû quitter les lieux au bout de deux ans, François Fillon s’y est maintenu pendant toute la durée du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Son épouse en garde un bon souvenir. "Je n’ai pas vu l’enfer. J’ai aimé cette maison. Nous y avons vécu très normalement malgré l’énorme travail et le poids des responsabilités sur les épaules de mon mari", avouait-elle à Paris Match en 2015."Je n'imaginais pas être la femme d’un Premier ministre français. Mais, par tempérament, je m’adapte". Une manière de dire qu’endosser les habits de première dame ne lui fait pas peur.