Hulot au gouvernement : ce qui plaide pour son maintien (ou son départ)

Nicolas Hulot a maintes fois laissé planer le doute sur son maintien au gouvernement.
Nicolas Hulot a maintes fois laissé planer le doute sur son maintien au gouvernement. © BERTRAND LANGLOIS / AFP
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Le ministre de la Transition écologique a présenté mercredi son plan biodiversité. Souvent donné sur le départ, il semble pourtant bien décidé à rester. Et Macron a tout intérêt à le garder.

On l'a dit mal à l'aise, sur le départ, déprimé par des affaires personnelles comme par les arbitrages exécutifs en sa défaveur. Lui-même avait annoncé qu'il déciderait de son maintien ou non au gouvernement à l'été. Nous voilà début juillet et Nicolas Hulot est toujours là. Le ministre de la Transition écologique est pourtant poussé au départ par bon nombre de militants. Mais lui estime avoir encore un rôle à jouer. Quant à Emmanuel Macron, il sait pertinemment qu'il a tout intérêt à garder à ses côté un responsable aussi populaire.

Pourquoi certains voudraient qu'ils partent

Pour bien des militants écologistes, l'espoir suscité par la nomination de Nicolas Hulot au gouvernement s'est rapidement éteint. Sur le nucléaire comme sur Bure, en passant par le glyphosate, les déceptions se sont enchaînées. Tant et si bien que sa démission apparaît pour certains indispensables. "Sa démission provoquerait peut-être un sursaut", estiment ainsi dans Le Monde Amélie Canonne et Nicolas Haeringer, deux chargés de mission pour l'ONG 350.org, qui se concentre sur la lutte contre le réchauffement climatique. "Le passage de Nicolas Hulot au gouvernement permettra[it] peut-être aux acteurs de la société civile de se souvenir qu'ils exercent leur utilité non en se rapprochant des institutions au point de les rejoindre, mais en construisant et en cultivant une relation critique, sinon conflictuelle, avec elles."

Autrement dit, mieux vaut que Nicolas Hulot serve de contre-exemple. Pour un responsable EELV, "la crédibilité des écolos est en jeu". Sans compter que la présence de l'ancien présentateur d'Ushaïa au gouvernement, parce qu'il est populaire et continue d'incarner, bon gré mal gré, un visage sympathique du militantisme écologique, rend la critique plus difficile. "Quand c'est Nicolas Hulot qui défend la FNSEA, c'est difficile pour nous", explique-t-il à Europe1.fr. "Stéphane Travert [ministre de l'Agriculture], on peut lui cartonner la gueule. Mais il y a une forme de mauvaise conscience à critiquer Nicolas Hulot."

Pourquoi Macron veut le garder

C'est précisément cette popularité qui pousse Emmanuel Macron à ne pas se séparer de son ministre. Le président s'accroche à une caution verte qui compte beaucoup pour rééquilibrer un gouvernement dont les grandes figures connues (Bruno Le Maire à l'Économie) restent de droite. "Son départ signifierait que nous ne sommes pas à la hauteur de nos engagements", explique une députée LREM dans Libération. Et l'élue de craindre que l'histoire tourne au mauvais remake du Cid : "Nous partîmes avec Bayrou et Hulot, nous arrivâmes avec Castaner et Griveaux."

Fin mai, Emmanuel Macron a donc répété que Nicolas Hulot avait sa "confiance". "Nous avons besoin de son engagement parce que c'est un convaincu. Il a l'insatisfaction des convaincus et des militants, c'est normal." Preuve que le président est bien décidé à conserver son ministre, il lui accorde une liberté de ton dont bien peu peuvent se targuer.

Pourquoi il reste

Après avoir soufflé le chaud et le froid quant à un potentiel départ, Nicolas Hulot semble avoir tranché dans Le Parisien, mercredi. "Je continue à faire mon boulot au quotidien et je ne prête plus attention à ces remarques [sur une potentielle démission]", balaie-t-il. "Vous avez dit que vous feriez le bilan à l'été et décideriez de votre maintien ou non au gouvernement. Nous y sommes…", fait remarquer le journaliste. "Pour moi l'été, c'est quand on part en vacances", répond le ministre. "Quand partez-vous en vacances ?" Réponse : "Sans doute pas avant cinq ans."

S'il reste, c'est donc que Nicolas Hulot estime encore pouvoir peser. "Tant que ça avance, je suis là", expliquait-il au micro d'Europe 1 fin mai. "Si je sens que l'on recule, je m'en irai. Je ne suis pas là pour être, je suis là pour faire", assurait-il encore à Ouest-France. Audrey Pulvar, qui a pris la tête de la Fondation pour la Nature et l'Homme a résumé le dilemme mercredi sur Europe 1 : "Si Nicolas Hulot n'était pas là, ce serait probablement pire."