Hollande renonce à la déchéance de nationalité et au Congrès

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A la sortie du Conseil des ministres mercredi, le président de la République a annoncé qu'il renonçait à la déchéance de nationalité et donc à convoquer un Congrès pour voter sa réforme constitutionnelle. 

Tout ça pour ça. A l'issue du Conseil des ministres mercredi, François Hollande a annoncé renoncer à la déchéance de nationalité et donc à convoquer un congrès pour sa réforme constitutionnelle. Après quatre mois de débats et de polémiques enflammées, le président de la République met donc un point final à ce feuilleton politique qui a déchiré la droite comme la gauche. Les deux chambres paraissaient irréconciliables : le Sénat avait, en effet, adopté la semaine dernière une version différente de celle des députés en rétablissant la déchéance de nationalité pour les seuls binationaux. 

"J'ai décidé de clore le débat constitutionnel". Lors de cette déclaration solennelle prononcée dans le salon Napoléon III, François Hollande a constaté qu'"après quatre mois de débats, le Sénat et l'Assemblée nationale ne sont pas parvenus à se mettre d'accord". "Un compromis paraît hors d'atteinte sur la déchéance de nationalité pour les terroristes", a poursuivi le chef de l'Etat. "Je déplore profondément cette attitude", a-t-il ajouté, avant de déclarer : "Aussi, j'ai décidé de clore le débat constitutionnel". 

Quelques minutes auparavant, François Hollande avait rappelé les conditions dans lesquelles il avait annoncé cette révision constitutionnelle lors du Congrès du 16 novembre. "Je l'avais fait en appelant à un dépassement des frontières partisanes, pour le rassemblement des Français", a-t-il affirmé. Un vœux qui sera donc resté lettre morte. 

Les réactions à gauche : les "excuses" de Cambadélis . Immédiatement après l'allocution de François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis a pris la parole. "Nous présentons nos excuses aux Français. Nous n'avons pas convaincu la droite en général et la droite sénatoriale en particulier, de rentrer dans l'union nationale pour renforcer notre droit dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il déclaré. Le rapporteur du projet de loi constitutionnelle, Patrick Mennucci a lui accusé la droite : "Cet échec c'est la faute à la droite qui ne veut pas au fond aller vers l'unité nationale". Mais pour le chef de file des frondeurs, Christian Paul, "c'est un renoncement nécessaire qui vient clore quatre mois de controverses détestables". 

LES RÉACTIONS

Sarkozy dénonce le "système" Hollande. "Il a créé les conditions de l'échec". De son côté, le patron des Républicains Nicolas Sarkozy a critiqué la méthode Hollande : "Nous sommes au cœur du système de M. Hollande. A force de promettre tout et le contraire de tout, la réalité, c'est qu'il condamne le pays au blocage et à l'immobilisme". "La manœuvre s'est retournée contre son auteur", a estimé pour sa part le sénateur Jean-Pierre Raffarin sur ITélé. "L'autorité du président sur ses propres troupes est aujourd'hui en cause", a-t-il ajouté. Pour le président du groupe Les Républicains, Christian Jacob, "c'est un échec cinglant à la fois pour le président de la République et pour le Premier ministre qui est incapable de lui assurer une majorité dans l’hémicycle". 

Un "échec historique" estime Marine Le Pen. Marine Le Pen a elle qualifié d'"échec historique" l'annonce de François Hollande. Dans un communiqué, la présidente du Front national estime que le président de la République "échoue à faire respecter sa propre parole". "De cet échec, il est avec son gouvernement le seul responsable", a-t-elle ajouté. Sur Twitter, le vice-président du FN, Florian Philippot a lui écrit : ""Quatre mois de palabres sans aucun résultat : voilà donc l'unique réponse du pouvoir à la menace islamiste. Affligeant."

Chez EELV, le satisfecit. Dans un communiqué, le groupe Europe-Ecologie-Les Verts se dit satisfait de ce renoncement. "Les écologistes se félicitent de cette décision, obtenue de haute lutte grâce à la mobilisation des parlementaires et de la société civile". Mais le communiqué ajoute aussitôt : "Le Président de la République porte la responsabilité d'une fracturation du débat public et de cette hystérie collective qui aura conduit des députés de la nation à envisager la création d'apatrides".