François Hollande, une offensive médiatique (très politique)

François Hollande enchaîne les interventions médiatiques...et politiques.
François Hollande enchaîne les interventions médiatiques...et politiques. © GEORGES GOBET / AFP
  • Copié
L'ancien président est partout. Officiellement, pour faire la promotion de son livre, Les Leçons du pouvoir. Mais ses interventions publiques se font de plus en plus politiques.

Trente-trois. C'est le nombre d'interventions médiatiques de François Hollande entre le 11 avril et le 14 juin, selon France Info. Soit une prise de parole tous les deux jours en moyenne, de Konbini à France Inter en passant par Midi Libre, L'Obs, C8... et Europe 1 jeudi dernier. Et quand il n'est ni sur un plateau télévisé, ni dans un studio radio, ni dans les colonnes des journaux, l'ancien président se consacre à la dédicace de son livre, Les Leçons du pouvoir (éd. Stock), déjà réimprimé trois fois tant il cartonne en librairie. Lundi, plusieurs centaines de personnes ont encore fait la queue devant le Furet du Nord de Lille pour obtenir un petit mot et une signature.

Commentateur de la vie politique. L'offensive n'est pas uniquement médiatique. Chaque fois, François Hollande prend bien soin de distiller avis et commentaires politiques. Il avait frappé un grand coup dans "Quotidien" le 26 avril, en répondant à Yann Barthès qui lui demandait si Emmanuel Macron était le "président des riches" par la négative. Avant de lâcher : "il est le président des très riches." Une petite phrase qui avait rapidement fait le tour des réseaux sociaux et des médias. Depuis, François Hollande s'impose comme un observateur de la vie politique. Sur Europe 1, il a fustigé l'"incohérence" des pays européens face au drame de l'Aquarius, salué la politique d'Emmanuel Macron sur le remboursement de certains soins dentaires et critiqué sévèrement la phrase du président sur les aides sociales qui coûtent un "pognon de dingue". Bref, François Hollande parle, beaucoup, et se montre, beaucoup aussi.

Prudence. Faut-il lire dans cette agitation une volonté de retour sur la scène politique ? "Ce que j'ai à faire à travers ce livre, c'est d'expliquer ma présidence, les conditions qui ont été les miennes, les responsabilités qui ont été les miennes", a expliqué François Hollande sur Europe 1 jeudi. "Il n'y a pas d'élection, je n'ai pas à me placer dans cette perspective. J'ai été 11 ans à la tête d'un parti et je ne suis pas candidat pour y revenir." Même en privé, l'ancien président botte toujours en touche. Imagine parfois qu'en cas d'échec d'Emmanuel Macron, et face à la menace des extrêmes, il faudra faire appel à un démocrate providentiel. Ne se risque évidemment jamais à dire que cela pourrait être lui.

" Si François Hollande donne le sentiment de vouloir revenir pour lui-même plutôt que pour le collectif, il risque de compromettre la réhabilitation du quinquennat. "

"Réparer l'absence de campagne". Depuis le Parti socialiste, l'offensive médiatico-politique de l'ex-chef de l'État n'est pas vue du même œil par tous. Patrick Kanner, ancien ministre des Sports, veut croire que "le succès du livre et la présence [de François Hollande] sur le terrain sont au service de la reconstruction du PS pour une gauche de gouvernement". Olivier Faure, lui, veut plutôt voir que ce labourage de terrain "vient réparer l'absence de campagne l'an dernier". Une sorte de compensation, que le nouveau premier secrétaire du PS juge en des termes très diplomatiques : "Je pense que François est parti trop tôt [après le quinquennat] avec son livre. Mais aucun socialiste ne me gêne. Cela permet de remettre le sujet de l'inventaire de son mandat sur la table." Un avertissement, tout de même : "s'il donne le sentiment de vouloir revenir pour lui-même plutôt que pour le collectif, il risque de se heurter à une opposition et de compromettre la réhabilitation du quinquennat, au moment même où il devient enfin possible d'en parler de façon positive."

Popularité nouvelle. François Hollande n'est pas sans ignorer que les longues files d'attente pour obtenir une dédicace ne sont pas automatiquement corrélées au nombre de voix dans les urnes. Et se refuse à faire la même erreur que Nicolas Sarkozy, qui a selon lui confondu lecteurs et électeurs. Reste que l'ancien président ne boude pas son plaisir en constatant qu'à la faveur d'une séance de dédicaces près du Vieux Port de Marseille comme à la FNAC de Beauvais, il a retrouvé la popularité qui lui a tant manquée lorsqu'il était en exercice.