Etat d'urgence dans la Constitution : les trois-quarts des députés ont séché la séance sur l'article 1

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M.B. , modifié à
Y'A QUELQU'UN ? - Les trois-quarts des élus n'étaient pas dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, lundi soir, pour voter l'article 1 de la réforme constitutionnelle. 

Des fauteuils rouges désertés. C'est l'image qui restera du vote de l'article 1 de la réforme constitutionnelle, portant sur l'inscription de l'état d'urgence dans la Constitution, lundi vers 22 heures à l'Assemblée nationale. Sur les 577 parlementaires que compte l'hémicycle, 441 ont brillé par leur absence, soit 76% des effectifs. L'article a finalement été adopté à 103 voix contre 26, sept députés s'étant abstenus.

5% des députés LR dans l'hémicycle. Dans le détail, les parlementaires de droite sont ceux qui ont le plus séché l'exercice. Seuls 10 d'entre eux étaient présents sur 196, soit 5% des effectifs. L'UDI ne fait guère mieux, avec deux députés sur 29 dans l'hémicycle. Les écologistes, eux, ont été les plus mobilisés. Plus de la moitié (55,56%) de leurs élus ont bel et bien fait entendre leur voix. Quant aux socialistes, ils étaient moins de quatre sur dix à participer.

Ironie et lassitude. Ce taux d'absentéisme impressionnant n'a pas manqué de faire réagir au sein de la classe politique elle-même. Le député socialiste de Seine-et-Marne, Eduardo Rihan-Cypel, a choisi de le faire ironiquement sur Twitter avec la photo d'un hémicycle quasiment vide. 

Cécile Duflot, députée Europe Ecologie-Les Verts, a quant à elle exprimé toute sa lassitude sur le réseau social (surestimant légèrement le nombre d'absentéistes), avant de regretter au micro de LCP un "débat un peu triste". 

De son côté, le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a fustigé mardi sur iTélé la faible mobilisation de la droite. "Je regrette que l'opposition ne prenne pas part à ces débats", a t-il déclaré. "Quand on va réviser la Constitution, cela demande la présence de tous les parlementaires."

Entendu sur europe1 :
L'absence traduit le malaise

Un malaise ou une routine parlementaire. Pour expliquer la faible participation de ses pairs, Cécile Duflot a invoqué la gêne des élus, notamment au sein des groupes socialistes et Les Républicains. Ces derniers auraient, selon elle, subi des "pressions extrêmement fortes" de la direction de leur parti. Olivier Rouquan, enseignant-chercheur en sciences politiques, ne disait pas autre chose, mardi, au micro d'Europe 1. "L'absence traduit le malaise", a t-il estimé.

"Cela indique le désarroi du nombre de députés de la majorité qui, avec l'état d'urgence et plus encore avec la déchéance, se demandent quelle est l'identité de la gauche aujourd'hui." Mais la réforme constitutionnelle elle-même n'est pas la seule en cause. Le système politique peut, lui aussi, expliquer l'absentéisme. En effet, l'hémicycle est souvent clairsemé le vendredi et le lundi, car les députés exerçant par ailleurs un mandat local retournent dans leur circonscription pour un week-end prolongé. La majorité s'arrange simplement pour laisser plus d'élus que l'opposition et ainsi rester en position de force. "C'est une terrible routine du parlementarisme", a regretté Olivier Rouquan. Selon le chercheur, "la limitation plus drastique du cumul des mandats" pourrait être une solution à l'absentéisme.