Elections régionales 2015 : zéro pointé pour le FN, mais...

DENIS CHARLET / AFP Marine le Pen
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En tête dans six régions au soir du premier tour, le Front national n’en emporte aucune au second. Et même s'il bat plusieurs de ses records, le "plafond de verre" persiste.

Ce n’est pas encore à l’occasion des élections régionales de 2015 que le Front national franchira une nouvelle étape dans son ancrage électoral. Car le bilan comptable est clair, net et précis : au soir du second tour, dimanche, le FN ne contrôle aucune région. Un zéro pointé quelque peu inattendu, une semaine après un premier tour triomphal, qui l’avait vu arriver en tête dans six territoires et être le premier parti de France en voix exprimées. Mais encore et toujours, au moment de porter le parti de Marine Le Pen au pouvoir, les électeurs ne franchissent pas le pas. Ne reste que pour les leaders du parti d’extrême droite à se poser en victime d’un système.

De "quatre ou cinq régions gagnables"... à rien du tout. Ils auront beau s’en défendre, la déception est bien réelle au FN. A plusieurs reprises, dans l’entre-deux-tours, Marine Le Pen, ses lieutenants et ses candidats avaient évoqué "quatre ou cinq régions gagnables", mais le parti est finalement "fanny". Il n’est donc pas guéri du syndrome "plafond de  verre", qui l'avait déjà plombé lors des départementales de mars 2015. A l’époque, déjà, malgré une percée impressionnante au premier tour, le FN n’était parvenu à remporter aucun département. Cette fois encore, le signal est clair : une majorité d’électeurs ne souhaite pas voir le part d’extrême droite arriver au pouvoir. Le rebond de la participation - +9% par rapport au premier tour - en est une illustration criante. Un sacré coup porté à l’ambition présidentielle de Marine Le Pen.

Des records, tout de même. Pourtant, le FN a quelques raisons de se réjouir. Car malgré ce résultat blanc, le parti de Marine Le Pen a progressé en voix entre les deux tours. Avec près de 29% des suffrages exprimés au niveau national, il bat son record absolu lors d’un scrutin. Surtout, le Front national dépasse les 6,4 millions de voix, battant là encore son record de la présidentielle de 2012. En outre, et encore une fois, le parti d’extrême droite a été au centre du jeu et des débats lors de cette élection, qui lui a aussi permis d’asseoir un peu plus son ancrage local, avec plusieurs centaines de conseillers dans toutes les régions de France. Enfin, Marine Le Pen, mine de rien, fait une belle affaire : "désencombrée" de la présidence de la région Nord-Pas de Calais-Picardie, la présidente du FN pourra se consacrer entièrement à son but ultime, son obsession : la présidentielle de 2017.

"Rien ne pourra nous arrêter !". D’ailleurs, Marine Le Pen  n’avait pas franchement la mine sombre au moment de commenter les résultats. Réagissant très vite après 20 heures, la présidente du FN a salué une "montée inexorable" de son parti. "Rien ne pourra nous arrêter !", a-t-elle proclamé, présentant son parti comme "la première force d'opposition dans la plupart des régions de France".

La fille de Jean-Marie Le Pen n’a pas non plus oublié de se poser en victime du système : "cet entre-deux tours a vu le Premier ministre et le président de l'Assemblée nationale en poste y tenir des propos d'une irresponsabilité inquiétante qui conduisent à s'interroger sur les dérives et les dangers d'un régime à l'agonie", a-t-elle dénoncé. "Maintenant, le clivage sépare non plus gauche et droite mais mondialistes et patriotes", a lancé la chef de file de l'extrême droite, et "cette distinction sera le grand enjeu, le grand choix politique des présidentielles". Victimisation et dénonciation du système, telles sont, encore et toujours, les deux mamelles du FN.

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