Elections régionales 2015 : les retraits de listes cristallisent les tensions

JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP jean-pierre masseret
Jean-Pierre Masseret refuse d'appliquer la consigne nationale en maintenant sa liste en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, où le FN a de bonnes chances de l'emporter.
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Alors que Les Républicains s’opposent, malgré des voix discordantes, au retrait de ses listes pour faire barrage au FN, le PS a adopté la stratégie inverse. Mais dans le Grand Est, son candidat s’y refuse.

Au lendemain d’un premier tour des élections régionales qui a vu triompher le Front national, la question du retrait des listes pour faire barrage au parti de Marine Le Pen empoisonne la vie de la droite et de la gauche. D’un côté, Les Républicains s’opposent à l’UDI, de l’autre, le PS a pris une position claire, mais se heurte à l’intransigeance de son candidat en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes.

  • La droite refuse le retrait mais la désunion se prépare

Dominique Reynié peut souffler. Le candidat Les Républicains distancé en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, avec 18,84% des voix, n’aura pas à se retirer. Dans la droite ligne de son président Nicolas Sarkozy, le parti a entériné lundi lors de son bureau politique la stratégie de non-retrait. Des voix discordantes se sont tout de même fait entendre, celle de Nathalie Kosciusko-Morizet et de Jean-Pierre Raffarin. Par exemple. Plus gênant pour LR, c’est le partenaire, l’UDI, qui a fait part de son désaccord. Jean-Christophe Lagarde a appelé au "retrait des listes en troisième position", "partout où le FN peut gagner". En l’occurrence, pour la droite, la question ne se pose qu’en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, mais des UDI se trouvent sur la liste de Dominique Reynié. Les discussions ne font sans doute que commencer.

Surtout, même si Les Républicains ont été aussi-unanimes, c’est toute la stratégie de Nicolas Sarkozy qui promet d’être remise en question après le second tour. "Au lendemain de l'élection, après le deuxième tour, il va falloir que nous ouvrions un débat sur la situation actuelle qui fait que - soyons lucides - nous ne sommes pas audibles", a prévenu Alain Juppé. D’autres n’ont pas attendu. Ce premier tour est "l'échec" de l'ancien président, qui "n'est pas crédible" pour l'alternance en 2017, a tranché le député Hervé Mariton. La droite "n'a pas de leader officiel et légitime" avant la primaire, a déclaré Eric Woerth.

  • Masseret, l’épine dans le pied du PS

A gauche, le PS pensait sans doute avoir fait le plus dur en édictant une ligne claire dès dimanche soir : le retrait des listes quand le FN est en mesure de l’emporter. Très vite, les candidats en Nord-Pas de Calais-Picardie et en Paca en ont accepté l’augure. Et le Parti socialiste se préparait à se poser en défenseur du Front républicain tout en fustigeant la droite qui refuse d’adopter la même attitude. Seulement voilà, Jean-Pierre Masseret est entré en résistance.

Le candidat PS en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne refuse de se retirer. "C'est une décision du Bureau national. Il devra la respecter. Point", a asséné le patron du PS. Mais dans la foulée, Jean-Pierre Masseret faisait savoir qu'il refusait de se retirer, persistant en milieu de journée : "c'est l'affrontement avec le FN qui fera reculer ce parti, pas l'évitement". Il va perdre l'étiquette PS en ne suivant pas la consigne de son parti. Mais le mal est fait, et Florian Philippot, le candidat FN, est désormais favori pour l’emporter.

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