ÉDITO - "Si les 'gilets jaunes' ne font pas le ménage, leur mouvement sombrera dans la honte"

  • Copié
Jean-Michel Aphatie, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Jean-Michel Aphatie a fermement condamné les violences observées samedi lors de l'"acte 13" des "gilets jaunes". Certains débordements sont "la marque d'un anti-républicanisme", estime l'éditorialiste d'Europe 1.
EDITO

>> L'"acte 13" des "gilets jaunes" a été marqué par de nouveaux débordements, samedi. Des manifestants ont notamment tenté de pénétrer dans l'Assemblée nationale. "Il faut remonter à des périodes très dures de notre histoire pour voir des gestes comme ça", a notamment jugé Jean-Michel Aphatie, dans son édito, lundi matin.

"Des débordements, le mot est juste. On sort du cadre républicain. On a vu samedi en début d'après-midi, des manifestants, mais il y avait des 'gilets jaunes' au milieu de ces manifestants, s'en prendre aux grilles de l'Assemblée nationale avec l'intention d'y pénétrer. Comment analyser cette volonté de pénétrer dans l'Assemblée nationale sinon comme la marque d'un anti-républicanisme qui anime ces manifestants-là ?

On n'avait pas vu ça en France depuis des décennies, sans doute depuis les années 30. Il faut remonter à des périodes très dures de notre histoire pour voir des gestes comme ça. Il y a des symboles auxquels on ne touche pas. On a vu une voiture militaire brûler samedi dans les rues de Paris. Là aussi, c'est un symbole anti-républicain qui est devant nous.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Il y avait moins de monde encore samedi, que le samedi précédent. Il faut comprendre qu'en se rétrécissant, le mouvement des 'gilets jaunes' laisse la place à des individus et à des courants de pensée qui n'aiment pas la République et qui n'aiment pas la démocratie. Et ça, ça s'explique, ce n'est pas le hasard.

"On libère quelque chose de nauséabond dans la société française"

Il faut lire, depuis des semaines maintenant, les pages Facebook, ou écouter les vidéos Facebook des principaux dirigeants des 'gilets jaunes' qui nous racontent, dans une impunité totale, que la France est aux mains de la banque et de la finance, que les responsables politiques sont corrompus ou pourris et que nous ne sommes pas dans une démocratie mais dans une dictature. Ces raisonnements idiots montrent bien que ces gens-là n'ont jamais vécu dans une dictature et qu'ils n'ont jamais ouvert un livre pour savoir ce qu'est une dictature.

REPORTAGE - Itinéraire d'un casseur de l'"acte 13" des gilets jaunes

S'il s'est passé ce qu'il s'est passé samedi, c'est parce qu'on donne la parole aux leaders des 'gilets jaunes' qui installent ces idées-là. Il faut mentionner ce qu'il s'est passé aussi : la résidence secondaire du président de l'Assemblée nationale cible d'un incendie volontaire. C'est encore un symbole anti-républicain. Et puis, l'horreur des horreurs, le mot 'juden', un mot allemand qui signifie 'juif', inscrit sur la vitrine d'un commerce à Paris. Si aucun lien avec le mouvement des 'gilets jaunes' n'est prouvé, c'est un climat. On libère quelque chose de nauséabond dans la société française, c'est une évidence.

"Si les 'gilets jaunes' ne font pas le ménage en leur sein, où vont-ils aller ?"

Il faut en appeler solennellement, s'ils existent, aux vrais 'gilets jaunes', ceux qui sont descendus dans la rue pour des questions de pouvoir d'achat et qui y sont encore pour cette raison. Ils se flattent d'être un mouvement désorganisé mais s'ils ne font pas le ménage en leur sein, où vont-ils aller ? Quels gestes vont-ils produire ? Quelle image vont-ils donner d'eux-mêmes ? Il faut informer les vrais 'gilets jaunes', parce qu'ils existent, que s'ils ne font pas le ménage au sein de leur mouvement, leur mouvement sombrera dans la honte."