ÉDITO - Salariés licenciés pour avoir refusé de travailler le dimanche : "Pénicaud se planque", dénonce Jean-Michel Aphatie

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Jean-Michel Aphatie
Notre éditorialiste Jean-Michel Aphatie interpelle mardi la ministre du Travail sur les deux salariés licenciés du Cora de Saint-Malo, pour avoir refusé de travailler le dimanche.

Deux salariés de l'hypermarché Cora de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, viennent d'être licenciés pour" faute grave", comme le révélait Europe 1 mardi. Motif : ils ont refusé de venir travailler le dimanche. Notre éditorialiste Jean-Michel Aphatie s'interroge : "La ministre du Travail ne pourrait-elle pas se manifester ?"

"Ces licenciements sont dangereux, injustes et insupportables pour la société. Les mots ne sont pas trop fort. Injustes au sens strict du terme : 'Seuls les salariés volontaires ayant donné leur accord par écrit peuvent travailler le dimanche', lit-on sur le site du ministère de l’Intérieur. 'Le refus de travailler le dimanche ne constitue pas un motif de licenciement', lit-on encore. Les patrons du Cora de Saint-Malo ont pourtant licencié les salariés en leur disant explicitement, sur leur lettre de licencient, que leur refus de travailler le dimanche était une insubordination, donc une faute grave.

"La politique doit parler"

En général, dans la société, quand vous ne respectez pas la loi comme en brûlant un feu rouge ou en ne payant pas les impôts, les pouvoirs publics, la puissance publique se manifestent et disent : 'Vous ne respectez pas la loi'. Là, que se passe-t-il ? Rien. La relation du fort au faible, du patron au salarié, joue exclusivement à l’avantage du fort. Le salarié, on le licencie.

À l’illégalité s’ajoute l’injustice, car ces salariés avaient 18 et 8 ans d’ancienneté ; avec un licenciement pour faute grave, il n’y a pas d’indemnités. Pour faire valoir leur droit, ils vont devoir attendre les conseils de prud'hommes, six mois, un an…

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La ministre du Travail ne pourrait-elle pas se manifester ? Il suffirait qu’au détour d’un couloir Muriel Pénicaud disent que la direction de Cora, sur le travail du dimanche, ne respecte pas la loi, pour que ces salariés soient réintégrés. Où est la ministre du Travail ? Elle se planque. Il faut dire les choses comme elles sont. Quand quelque chose d’aussi important est bafoué, la politique doit parler.

Une injustice qu'il faut "rectifier tout de suite"

En 2015, après des années de débats, on a réglé la question du travail le dimanche, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, souvent interpellée par les syndicats à ce sujet, avait assuré que la base du travail dominical serait le volontariat.

Les syndicats n’y croyaient pas. Aujourd'hui, on se rend compte que la politique n’a pas de parole. Les engagements pris, peu importe qu’ils s’agissent des gouvernements précédents, ne sont pas tenus. Comment les citoyens peuvent-ils encore avoir confiance dans les gouvernants ? On s’étonne qu’il y a des 'gilets jaunes' ? Muriel Pénicaud n’a qu’à se taire, il y en aura encore un peu plus. J’espère qu’elle va prendre la parole là-dessus pour dire que ce qu’à fait la direction de Cora à Saint-Malo est inacceptable, injuste et insupportable. Il faut que se soit rectifié tout de suite."