Sur notre antenne, Jean-Michel Aphatie évoque la garde à vue du journaliste indépendant Gaspard Glanz. 3:01
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Jean-Michel Aphatie
Notre éditorialiste Jean-Michel Aphatie dénonce mardi le non-respect de l'État de droit par les forces de l'ordre qui ont retenu le journaliste indépendant Gaspard Glanz en garde à vue pendant 48 heures.
EDITO

Le journaliste indépendant Gaspard Glanz a été placé en garde à vue pendant 48 heures après la manifestation des "gilets jaunes", samedi, à Paris. Déféré lundi, il sera jugé pour outrage le 18 octobre. En attendant, il a l'interdiction de paraître à Paris le samedi. Christophe Castaner devrait reconnaître que la liberté de la presse a été malmenée dans cette affaire, selon notre éditorialiste Jean-Michel Aphatie.

"Il ne s'agit pas de faire du corporatisme et de défendre un journaliste parce qu'il est journaliste. Il s'agit de parler de la liberté de la presse, c'est-à-dire de la liberté d'informer librement les citoyens pour qu'ils se fassent eux-mêmes leur opinion.

Des faits simples et deux reproches

Les faits sont simples : Gaspard Glanz couvrait la manifestation des gilets jaunes sur la place de la République, samedi après-midi. Caméra à la main, casque sur la tête… On comprend que c'est un journaliste. À tort ou à raison, il estime qu'il a été visé par un policier qui a lancé une grenade sur lui. Il s'énerve et fait un doigt d'honneur à la rangée de CRS devant lui. Ces derniers l'interpellent et l'emmènent au commissariat.

Que lui reproche-t-on à l'intérieur du commissariat ? Deux choses : d'abord 'outrage à agent dépositaire de la force publique'. C'est incontestable. Les policiers lui reprochent aussi 'une participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations'. C'est cette incrimination qui lui vaut une garde à vue de 48 heures.

 

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C'est évidemment injustifié, car il a une caméra, pas une masse pour casser des vitrines. Il fait un journalisme engagé, du côté des 'gilets jaunes', pour dénoncer les violences policières, mais ce n'est pas un délit. C'est participer à la pluralité de l'information. Il y a divers points de vue qui s'expriment, et le citoyen choisit ensuite.

Une "volonté de vengeance" des policiers ?

En tout cas, ce n'est pas aux policiers de sanctionner un journaliste parce qu'il fait un travail qui leur déplaît. La garde à vue pour 'participation à un groupement en vue de commettre des violences' ressemble dans cette histoire à une volonté d'intimidation, voire à une volonté de vengeance des policiers pour le travail que fait ce journaliste, qu'ils connaissent depuis de nombreuses années. 

La garde à vue est totalement injustifiée : la preuve, c'est qu'il a été déféré devant un juge qui n'a pas du tout retenu la 'participation à un groupement en vue de commettre des violences' mais seulement l'outrage à agent. Il faut dénoncer les violences dont sont victimes les policiers, violences verbales et physiques, mais il faut aussi dénoncer les policiers qui ne respectent pas l'État de droit et qui détournent les règles du droit pour des usages personnels. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner serait bien avisé de reconnaître que dans cette histoire, c'est la liberté de la presse qui a été malmenée."