Déchéance de nationalité : Valls "regrette profondément" que le Sénat refuse le "consensus"

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avec AFP , modifié à
Le Premier ministre a "profondément regretté" mercredi que le Sénat prenne le "contre-pied du consensus" sur l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution.

Manuel Valls a "profondément regretté" mercredi que le Sénat prenne le "contre-pied du consensus" sur l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution, estimant que la haute assemblée prenait "une très lourde responsabilité" en risquant de torpiller la mesure controversée.

"Au Sénat, vous n'avez pas cherché un accord". "A l'Assemblée nationale, nous avons cherché et construit un accord. Au Sénat, vous ne l'avez pas cherché. Avec personne. Et je m'en étonne. Vous refusez, à ce stade bien sûr, le principe d'un accord avec l'Assemblée nationale. Et vous le savez parfaitement, (...) votre proposition ne sera jamais adoptée par une majorité de députés. Je serai très direct : l'amendement adopté par votre Commission des Lois prend le contre-pied du consensus", a lancé le Premier ministre dans son discours défendant la révision constitutionnelle devant les sénateurs.

La commission des Lois du Sénat propose que la déchéance ne puisse concerner qu'une personne "disposant d'une autre nationalité que la nationalité française", inscrivant ainsi noir sur blanc l'interdiction de créer des apatrides, une mention gommée à l'Assemblée le mois dernier pour réunir une majorité. "Dans l'hémicycle, droite et gauche, malgré les débats, tout le monde les connaît en leur sein, ont su dépasser les clivages et se rassembler. C'est ce même chemin que nous devons prendre, ici", a fait valoir Manuel  Valls.

"Quel message est ici envoyé aux Français ?" Visant nommément le président de la Commission des Lois Philippe Bas et l'ancien ministre de la Justice Michel Mercier, il a dénoncé une "posture". "Je veux poser directement cette question : quelles sont les intentions de la majorité sénatoriale ? Quel message est ici envoyé aux Français ? Souhaitez-vous vraiment remettre en cause une décision qui a su rassembler, à l'Assemblée nationale, les deux grandes familles politiques ? Dans quel but ? (...) C'est, je le dis, ici très tranquillement, très sereinement, une très lourde responsabilité !", a chargé le Premier ministre.

Manuel Valls a ironisé sur ces sénateurs de droite devenus "les porte-parole" du président Hollande, car ils soulignent que le chef de l'Etat, lors de son discours devant le Congrès, avait annoncé à l'époque une extension de la déchéance, mais pour les seuls binationaux.