Dans la Sarthe, un maire menacé de mort jette l'éponge : "Ça fait froid dans le dos"
Visé par des menaces de mort anonymes depuis un an, Régis Vallienne, maire d'une petite commune sarthoise, ne se représentera pas en 2020.
Ce sont trois courriers qui vont mettre fin aux 36 années d'engagement de Régis Vallienne, à la tête de sa commune du Pruillé-L'éguillé, dans la Sarthe. "Tu vas prendre un coup de fusil", "tu es visé", "choisis ton cercueil", peut-on y lire. "Ça fait froid dans le dos", glisse l'édile. "Quand vous sortez de chez vous, vous regardez à droite, à gauche, imaginant qu'un canon pourrait dépasser d'une rue ou d'une autre."
"C'est un peu dommage, mais..."
En mars prochain, pour les municipales, Régis Vallienne ne se représentera donc pas. "C'est un peu dommage d'arrêter un mandat sur ces faits. Mais je pense surtout au maire de Signes." Lorsqu'il fait allusion à Jean-Mathieu Michel, tué alors qu'il tentait d'empêcher le déversement illégal de gravats sur une voie privée , l'édile sarthois a la voix qui tremble. "Je ne voulais pas faire subir à ma famille ce que le maire de Signes a fait subir à la sienne, sans le vouloir."
Car l'objet de la colère du mystérieux corbeau n'est pas sans rappeler l'histoire de Signes : des travaux de réfection sur une route forestière de la commune. D'autant plus étonnant que le sujet n'est pas connu à Pruillé-l'Eguillé pour avoir divisé la population, de l'aveu même du garde forestier : "Pour moi, il n'y avait pas de problème par rapport à ça."
"Il a toujours été aimé de tout le monde"
Une enquête de gendarmerie est bien menée depuis un an, mais n'a rien donné. Monsieur le Maire voit mal, dit-il, ces menaces venir du sein même de son village, où bon nombre d'administrés tombent d'ailleurs des nues en apprenant la nouvelle. "J'en ai la chair de poule", confie une passante étonnée. "Surtout qu'il a toujours été aimé de tout le monde, il a toujours essayé de faire tout ce qu'il fallait pour la commune, je n'ai jamais vu quelqu'un se disputer avec lui, jamais.
Les Pruilléens espèrent un jour une réponse de la justice. Et se posent désormais cette question : qui pour prendre la suite dans ce village de 823 âmes qui n'a plus connu d'autre maire depuis 1983 ?