Des centaines de policiers et de gendarmes étaient mobilisés pour démanteler le camp. 1:29
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Nina Droff avec AFP , modifié à
Un millier de gendarmes et de policiers étaient déployés ce matin dans le nord-est de Paris pour évacuer le campement de Forceval. Depuis plus d'un an, les consommateurs de crack se rassemblaient dans la zone. Entamée peu avant 7 heures du matin, l'opération doit permettre également d'empêcher le retour des toxicomanes dans la zone. 

Le campement de Forceval, dans le nord-est de Paris, où se rassemblaient les consommateurs de crack depuis un an, a été démantelé mercredi par la police, avec l'objectif affiché d'empêcher sa reconstitution ailleurs dans la capitale. Entamée peu avant 7H00, l'opération était quasiment bouclée en milieu de matinée, après l'intervention des services de nettoyage, et seuls de rares toxicomanes étaient visibles dans les rues environnantes, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

Depuis plus de deux ans, les consommateurs de crack - un dérivé fumable et très addictif de la cocaïne, baptisé "drogue du pauvre" en raison de son faible coût (10 euros la dose) - ont été déplacés à plusieurs reprises au gré de la colère des riverains. Errant Place Stalingrad, ils ont été dirigés près du périphérique, square Forceval (XIXe arrondissement), plus à l'écart. Un mur, vite baptisé le "mur de la honte", y a même été érigé.

Un millier de gendarmes et de policiers déployés

Sur instruction du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, un millier de policiers et gendarmes ont été déployés, dont la nouvelle unité d'élite CRS 8. Le dispositif sera déployé "dans la durée" afin d'empêcher "absolument" toute reconstitution ailleurs, a-t-on expliqué au ministère de l'Intérieur. A 6h45 les camions de gendarmerie sont arrivés. Certains "crackeux" ont profité de la mise en place du dispositif pour sortir du campement, sans être interpellés.

L'opération s'est déroulée à l'abri des regards des journalistes, au fond du campement où les dizaines de personnes encore présentes sur le campement ont été réunies. Le ministère a souligné que cette opération était "inédite puisque le phénomène du crack touche le nord-est parisien depuis plusieurs dizaines d'années". Du côté des associations de riverains et de commerçants, c'est le "soulagement" qui prédomine, teinté d'inquiétudes.

"Selon nous les conditions ne sont pas réunies pour qu'il n'y ait plus de scènes ouvertes", a averti sur place, Marie Debrus, référente des risques liés aux usages des drogues chez Médecins du Monde. "Il y a une dispersion des usagers et dans quelques mois, on les verra dans les halls d'immeuble ", a-t-elle poursuivi, dénonçant une "crise humanitaire orchestrée par les pouvoirs publics".

De son côté, la Place Beauvau a précisé que "les personnes recherchées seront interpellées, tout comme les étrangers en situation irrégulière qui seront placés en CRA (Centre de rétention administrative, ndlr) en vue de leur expulsion". "Les autres occupants seront orientés vers des dispositifs d'hébergement avec accompagnement médico-social ou dans des unités de soins". Tout a été préparé en amont par l'Agence régionale de santé (ARS), la préfecture de région, la Préfecture de police de Paris (PP) en lien avec le Hôpitaux de Paris (AP-HP), selon le ministère de l'Intérieur.

"un an" pour l'éradiquer

Pour le maire PS du 19e arrondissement, François Dagnaud, cette opération était "inévitable et nécessaire pour restaurer la vivabilité de nos quartiers" mais "pas suffisante". La reconstitution du camp est un "risque que tout le monde doit avoir à l'esprit et qui n'est dans l'intérêt de personne", a-t-il prévenu. Laurent Nuñez a été nommé en juillet à la tête de la préfecture de police de Paris et le ministre lui a donné "un an" pour éradiquer le problème du crack. Le 25 septembre, il a promis que le site fermerait.

D'après les acteurs associatifs, entre 300 et 400 personnes la journée et 150 la nuit, dont 35 à 40% de femmes, étaient présents dans ce square. Les dealers y vendaient les cailloux (dose de crack) au milieu des consommateurs. "Depuis un an on demande l'évacuation mais aussi la prise en charge des toxicomanes et des malades du crack", a rappelé Melinda Bernardo, du collectif "93 Anti-Crack", présente sur le site mercredi matin.

"On est sceptiques sur cette évacuation, on n'a pas l'impression qu'elle soit suivie de ce qu'on demandait(...) une prise en charge et un accompagnement de ces personnes. On a peur que ce soit bis repetita avec un déplacement comme des bêtes et ça c'est insupportable pour nous", a déploré Mme Bernardo, ajoutant que les riverains oscillent entre "peur et volonté de les aider". Depuis un an, les habitants du quartier et de celui de la Villette à Paris n'ont eu de cesse de se plaindre des agressions, vols et autres nuisances engendrés par l'installation des consommateurs de crack.