Covid-19: Agnès Buzyn mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui"

Agnès Buzyn mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui"
Agnès Buzyn mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui" © BERTRAND GUAY / AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Après une audition de presque neuf heures, Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé à été mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui" par la Cour de justice de la République (CJR) en rapport avec sa gestion de la pandémie de Covid-19 au sein du gouvernement. 

Nommée en 2017 ministre de la Santé, Agnès Buzyn doit désormais assumer devant la justice sa gestion du début de la crise sanitaire. Agnès Buzyn a été mise en examen ce vendredi par des magistrats de la Cour de justice de la République pour "mise en danger de la vie d'autrui", pour son rôle à la tête du ministère jusqu'en février 2020.

Première mise en examen dans ce dossier

C'est la première mise en examen dans ce vaste dossier consacré à la gestion très critiquée des autorités françaises dans la gestion de la pandémie de coronavirus, qui a fait au moins 115.000 morts en France, selon Santé publique France.

Ce développement majeur dans cette enquête pourrait être suivi par d'autres convocations visant des membres actuels ou passés de l'exécutif, parmi lesquels l'actuel ministre de la Santé Olivier Véran ou l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, et provoquer d'importantes conséquences politiques pour la majorité, alors qu'Emmanuel Macron s'apprêter à briguer sa réélection au printemps 2022.

« Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais »

Alors que l'épidémie de Covid-19 déferlait sur la Chine, Agnès Buzyn avait pris la parole à l’Élysée le 24 janvier 2020 pour dire que "les risques de propagation du coronavirus dans la population sont très faibles". Mi-février, elle était remplacée par Olivier Véran, quittant le gouvernement pour briguer la mairie de Paris. Alors que la France se confinait, elle avait créé un tollé en disant, dans le journal Le Monde, « quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous... On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade », a-t-elle raconté. 

Plus de 14.500 plaintes

Depuis, la CJR, seule institution habilitée à juger des ministres en exercice, a reçu plus de 14.500 plaintes liées au Covid-19. Manque d’équipements de protection pour les soignants et pour la population, errements sur la nécessité ou non de porter des masques, etc. Neuf de ces plaintes ont été jugées recevables par la commission des requêtes de la CJR, qui fait office de filtre, et ont permis l’ouverture d’une enquête en juillet 2020.

Depuis, d’autres plaintes ont été jugées recevables et jointes à l’enquête, tandis que des perquisitions ont été menées mi-octobre 2020 par les enquêteurs de l’Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique) et de l’Oclciff (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales). Ces perquisitions ont visé les domiciles et bureaux du ministre de la Santé Olivier Véran, de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe et des anciens membres du gouvernement Agnès Buzyn, Sibeth Ndiaye, mais aussi du directeur général de la Santé Jérôme Salomon et de la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne.