Comment Sarkozy a fini par lâcher Morano

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Malgré les appels de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano a refusé de s'excuser suite à ses propos sur la France "pas de race blanche". © PATRICK HERTZOG / AFP
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et Antonin André
L’eurodéputée a été dépossédée mercredi soir de son statut de tête de liste en Meurthe-et-Moselle pour les régionales de 2015. Pourtant, le président des Républicains a tout fait pour la convaincre. 

Mercredi soir, le cas de Nadine Morano a occupé la commission nationale d’investiture des Républicains pendant une demi-heure. Mais le processus qui a conduit à l’éviction comme tête de liste des régionales en Meurthe-et-Moselle de l’eurodéputée, coupable d’avoir parlé de la France comme "un pays de race blanche", a en fait été plus long. Car Nicolas Sarkozy a longtemps espéré pouvoir convaincre son ancienne fidèle de revenir sur ses propos. En vain.

Brice Hortefeux en messager. Pendant toute la semaine, c’est Brice Hortefeux qui, à Strasbourg, où il est lui aussi eurodéputé, s’est chargé de porter la parole sarkozyenne pour tenter de trouver une porte de sortie. Avec d’autres élus, il a usé de tous les arguments, des plus amicaux aux plus menaçants, avec ce message : "une fois que tu auras dit du mal de tout le monde, tu n’intéresseras plus personne". La pression a donc été maximale jusqu’à mercredi soir.

Une ébauche de lettre d’excuses. Et cela a bien failli aboutir. Mercredi dans la journée, un collaborateur de Nadine Morano a hissé drapeau blanc. Avec les plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, il a rédigé une ébauche de lettre dans laquelle l’eurodéputée exprimait noir sur blanc des regrets, tout en insistant sur la référence gaulliste, qu’elle brandit comme un bouclier depuis le début de la crise. Plusieurs versions de ce texte de contrition ont été transmis à l’intéressé, mais Nadine Morano, elle, n’a jamais voulu y apposer son paraphe. Elle a tenu bon, jusqu’au sacrifice. "La comédie a assez duré", a fini par lancer Nicolas Sarkozy lui-même face à la commission d’investiture.

Grand déballage. Si Nicolas Sarkozy a tant insisté sur le cas Morano, c’est d’abord pour des raisons personnelles. L’ancien président de la République pratique certes volontiers la rupture en politique, mais il déteste le conflit, les tensions dans ses rapports personnels. D’autant que Nadine Morano a longtemps été une fidèle parmi les fidèles, elle qui fut une sarkolâtre de la première heure. Plus prosaïquement, Nadine Morano, a menacé au cours de la crise de dézinguer l’ancien chef de l’Etat s’il se présentait en 2017. Certains s’inquiètent donc d’un grand déballage qui pourrait nuire fortement à Nicolas Sarkozy…