François de Rugy mis en cause pour de fastueux dîners à l'Assemblée nationale

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François de Rugy aurait organisé aux frais de la République, à l’époque où il occupait la présidence de l’Assemblée nationale, une série de luxueux dîners réunissant essentiellement des intimes, selon Mediapart. Le ministre de la Transition écologique assure qu'il "n'a rien à se reprocher". 

Sous les ors de la Républiques, des dîners privés aux frais du contribuable ? Un article de Mediapart, publié mercredi, pointe le train de vie mené par François de Rugy, le ministre de la Transition écologique, à l’époque où il était encore président de l’Assemblée nationale. À en croire le site d’investigation, l’ex-EELV, qui a rallié le parti présidentiel en 2017, aurait organisé aux frais de l’État une série de soirées moins destinées à s’inscrire dans le cadre de ses fonctions qu’à réunir un cercle amical.

S’appuyant sur une série de témoignages, recueillis notamment dans les couloirs du palais Bourbon et auprès des convives de celui qui a pris la succession de Nicolas Hulot en septembre 2018, Mediapart liste une dizaine de dîners privés, réunissant de 10 à 30 participants, organisés entre octobre 2017 et juin 2018 dans les salons de l’hôtel de Lassay, la résidence officielle du président de l’Assemblée nationale.

Au menu : des repas gastronomiques, arrosés de grands crus issus des réserves de l’Assemblée, et qui en théorie ne peuvent pas sortir de leur cave sans une autorisation spéciale. Sur une série de clichés que publie Mediapart, on aperçoit un plateau de homards géants posé sur une table fastueusement apprêtée, ou encore Séverine de Rugy, l’épouse de François de Rugy, posant devant un Mouton Rothschild 2004, une cuvée célébrant le centenaire de l’Entente cordiale, à au moins 500 euros la bouteille.

"Ça faisait partie de mon travail de président de l’Assemblée nationale"

C’est d’ailleurs à l’initiative de la femme de l’actuel ministre de la Transition écologique, journaliste people chez Gala, qu’auraient été organisés la plupart de ces dîners. La liste des invités réunit nombre de ses intimes. "Pour moi, ce n’est pas privé parce qu’en fait, c’est du relationnel qui permet de se mettre au courant et de s’intéresser à ce que font les gens", a-t-elle justifié auprès de Mediapart, tout en reconnaissant qu’elle connaissait une partie des convives. "Certes, ça appartient à un cercle amical mais on n’est pas là pour se taper la cloche. Effectivement, je connais des gens mais quand on les voit, on parle toujours de politique et y a des choses qui en sortent en relationnel." 

"Nous n’avons rien à nous reprocher !", a vivement réagi François de Rugy mercredi, au micro de France Inter. "Ça faisait partie de mon travail de président de l’Assemblée nationale", assure-t-il. "Un président de l'Assemblée nationale, comme un ministre, rencontre dans un cadre informel des responsables d'entreprises, de la culture, des universités", a-t-il encore plaidé, estimant que ces dîners étaient une manière de sortir de la "bulle politique" et de faire valoir auprès de la société civile le travail de l’Assemblée nationale.

Une dangereuse confusion des genres ? 

"J’ai participé à un dîner une fois, à l’automne 2017", a expliqué à Mediapart Jean-Michel Aphatie, éditorialiste chez Europe 1. "Si le déjeuner est un espace de travail, le dîner est un espace ambigu. Là, j’ai dit oui… J’ai vite compris que cela n’avait pas beaucoup de sens d’être là pour moi. Ce n’est pas un dîner de travail. Et si c’était à refaire, non, je ne le referais pas", concède-t-il.

En ce qui concerne le coût de ces réceptions, François de Rugy s'est défendu en rappelant que sous son mandat les frais de réception à l’hôtel de Lassay avaient baissé de 13%. Séverine de Rugy indique par ailleurs, toujours auprès de Mediapart, que les menus et les vins servis étaient choisis par le service de restauration de l’Assemblée nationale, sans aucune consigne de la part des époux. Comme cette table jonchée de roses le soir de la Saint-Valentin, qui apparaît sur l’un des clichés publiés par Mediapart, et présentée par François de Rugy comme une "délicate attention" de l’intendance à son égard et à celui de son épouse, sans demande particulière.