Air France : Hollande-Valls, accords et désaccords

© BERTRAND GUAY / AFP
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Alexandre Kara et B.B
En critiquant fermement les salariés d'Air France coupables de violences, le Premier ministre a permis au chef de l'Etat de se recentrer politiquement.

"Entre Manuel Valls et moi, vous n'arriverez pas à faire la moindre distinction. Ce que dit le Premier ministre m'engage, et ce que dit le président de la République engage le Premier ministre". Quoiqu'en dise François Hollande, il existe bien des divergences entre lui et son Premier ministre sur le dossier Air France.

Le terme "voyous" a choqué. Sur le fond, il n’y pas de différence d’analyse entre les deux hommes. Sur la forme en revanche, l’Elysée considère que Manuel Valls aurait peut-être pu faire preuve d’un peu plus de subtilité et d’un peu moins de brutalité dans cette affaire. La répétition du terme "voyous", par exemple, a choqué certains, à gauche.

Une nomination dans le mauvais timing. Si les deux hommes se sont parlé quotidiennement de ce dossier brûlant, François Hollande a moyennement apprécié le tempo de la nomination du conseiller social de Manuel Valls, Gilles Gateau, à la direction des ressources humaines d’Air France, annoncée en plein conflit entre la direction et les syndicats. Néanmoins, ces petites divergences servent les intérêts du chef de l'Etat.

Hollande plus à gauche que Valls. En soutenant avec fermeté les dirigeants agressés et en dénonçant "l'œuvre de voyous", Manuel Valls a permis à François Hollande de se recentrer, voire même d’apparaître face à lui comme le gardien de l’orthodoxie de gauche. Trouver plus à droite que soi pour finalement donner des preuves de gauche, la stratégie est connue. Manuel Valls l'a d'ailleurs lui aussi utilisée avec Emmanuel Macron, dont les sorties sur les fonctionnaires ou les 35heures le font presque passer pour un gauchiste.