Affaire Benalla : la cheffe de la sécurité du Premier ministre a démissionné

La cheffe de la sécurité de Matignon avait été entendue par les enquêteurs dans le cadre de l'enquête sur les enregistrements d'Alexandre Benalla.
La cheffe de la sécurité de Matignon avait été entendue par les enquêteurs dans le cadre de l'enquête sur les enregistrements d'Alexandre Benalla. © Alain JOCARD / AFP
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avec AFP , modifié à
La cheffe de la sécurité de Matignon avait été entendue par les enquêteurs dans le cadre de l'enquête sur les enregistrements d'Alexandre Benalla révélés par Mediapart. 

La cheffe du groupe de sécurité du Premier ministre (GSPM) a démissionné jeudi afin d'"écarter toute polémique", tout en niant être liée à une conversation controversée entre Alexandre Benalla et Vincent Crase dont un enregistrement a été révélé par Mediapart, a annoncé Matignon.

Edouard Philippe salue son "grand professionnalisme". Lors d'un entretien avec le Premier ministre, Marie-Elodie Poitout a démenti "être d’une quelconque façon liée à une rencontre entre Alexandre Benalla et Vincent Crase fin juillet. Toutefois, consciente de la sensibilité de sa fonction et soucieuse d’écarter toute polémique, la cheffe du GSPM a demandé au Premier ministre d’être affectée sur une autre mission au sein du ministère de l’Intérieur", a indiqué le cabinet d'Édouard Philippe.

Le Premier ministre "tient à saluer le très grand professionnalisme dont la cheffe du GSPM a fait preuve depuis le premier jour de sa mission à ses côtes jusqu'à la décision de ce jour", écrit son cabinet dans un courriel.

La cheffe de la sécurité dit ne pas connaître Vincent Crase.  Le 31 janvier, Mediapart avait publié des extraits sonores d'une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase en date du 26 juillet, soit quatre jours après leur mise en examen dans l'affaire des violences du 1er-Mai et en violation de leur contrôle judiciaire. 

Après la publication de l'article de Mediapart, des journalistes ont tenté de vérifier auprès de Matignon l'hypothèse selon laquelle cette conversation a été enregistrée au domicile de Marie-Elodie Poitout. La cheffe du GSPM a alors expliqué avoir rencontré Alexandre Benalla fin juillet, avec son compagnon Chokri Wakrim, à leur domicile, selon une lettre datée du 1er février du directeur de cabinet de Matignon, Benoît Ribadeau-Dumas, au procureur de la République de Paris Rémi Heitz. Mais Vincent Crase, que la commissaire a dit "ne pas connaître", n'était pas présent à cette réunion, a-t-elle assuré. La policière, entendue mardi par la brigade criminelle, a également démenti que son compagnon ait pu organiser cette rencontre chez elle en son absence, selon Matignon.

"Mon rôle a toujours été de protéger le Premier ministre". Auprès de l'AFP, la commissaire a réassuré "n'avoir aucun lien" avec les enregistrements. "Je maintiens ne jamais avoir vu Alexandre Benalla et Vincent Crase ensemble ni à mon domicile, ni ailleurs et confirme n'avoir aucun lien avec les enregistrements dont parle la presse. Je n'ai jamais rencontré Vincent Crase", écrit-t-elle dans un bref message écrit. "Mon rôle a toujours été de protéger le Premier ministre, et sûrement pas de l'exposer. C'est pourquoi j'ai demandé au Premier ministre de quitter mes fonctions". 

Un militaire, compagnon de la cheffe de la sécurité de Matignon, suspendu. Le militaire Chokri Wakrim, impliqué selon la presse dans un contrat négocié par Alexandre Benalla avec un sulfureux oligarque russe, a été suspendu mercredi par le ministère des Armées "en attendant que la lumière soit faite sur ces allégations", a appris l'AFP. Compagnon de la cheffe du groupe de sécurité du Premier ministre elle-même mise en cause dans cette affaire, "Chokri Wakrim a été convoqué aujourd'hui par le ministère des Armées et suspendu à titre conservatoire de ses fonctions, avec effet immédiat, en attendant que la lumière soit faite sur ces allégations" parues à son propos dans Libération.