À droite, c’est "courage fuyons"

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
La droite apparait comme éclatée, irréconciliable. Deux groupes se sont formés à l’Assemblée, qui actent la scission et pose la question de l’avenir même du parti les Républicains.
EDITO

"Ça fait bien longtemps qu’on ne s’aime plus..." "On ne s’aime plus mais on peut continuer à vivre ensemble". On se croirait dans Les Feux de l’Amour ou dans une télénovella de l’été. Mais non, on parle bien de politique et des échanges entre Xavier Bertrand et Eric Woerth par médias interposés. L’un acte la fracture irréconciliable au sein des Républicains, l’autre veut encore y croire.

Un parti triplement fracturé. Si on résume, les Républicains sont éclatés en trois morceaux : ceux qui ont rejoint la majorité présidentielle derrière Thierry Solère, ceux qui sont partisans d’une opposition frontale, c’est la droite dure avec Laurent Wauquiez et, troisième parti, en entre les deux : le marais où l’on retrouve Eric Woerth et François Baroin, ni constructif, ni radicaux. Trois lignes et pas de leader charismatique, légitime pour rassembler tout le monde et lancer le chantier de la reconstruction.

"Il finira tout seul". Laurent Wauquiez, de son côté, s’y verrait bien. Mais le président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes n'a aucun allié. Jean-François Copé résume la situation : "Nicolas Sarkozy a viré les anti-sarkozystes quand il est revenu, François Fillon a ensuite viré les anti-fillonistes, Wauquiez va virer les anti-Wauquiez, c’est-à-dire tout le monde et il finira tout seul".

Pas d'alternative. Sauf que personne n'a le courage d'endosser le rôle du chef. Xavier Bertrand tire un diagnostic très détaillé du mal dont souffre son parti, il donne des leçons mais quand il s’agit de prendre ses responsabilités, l'élu choisit de se consacrer à sa région. Quant à François Baroin, il a fait une belle campagne des législatives, il a réveillé l’électorat de la droite, mais le ras-le-bol l'a emporté : il n’a pas envie d'y aller. Finalement, Laurent Wauquiez est le seul à vouloir y aller. Et il en faut de l’envie, de l’ambition pour relever un parti fracturé, diminué, endetté. Laurent Wauquiez est peut-être honnis par les autres leaders de la droite, mais aucun d’entre eux n’a le courage de proposer une alternative pour rallumer les feux de l’amour au sein de la famille.