Yvan Colonna veut rappeler à Nicolas Sarkozy qu'il est présumé innocent

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Administrator User , modifié à
Yvan Colonna, accusé de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, a demandé en personne au tribunal de Paris la condamnation de Nicolas Sarkozy pour "atteinte à la présomption d'innocence" dans des discours récents. Le parquet a soutenu le rejet de sa demande. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 4 avril prochain.

Le tableau est peu commun : l'affaire "Yvan Colonna contre Nicolas Sarkozy" était jugée lundi matin au tribunal de Paris. Le berger de Cargèse, arrêté en juillet 2003 après quatre ans de fuite et emprisonné depuis dans l'attente de son procès, qui se déroulera en novembre, met en cause certaines déclarations publiques où le ministre de l'Intérieur l'a présenté, selon lui, comme l'auteur avéré de l'assassinat du préfet Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio. Il vise notamment des déclarations du 5 janvier dernier : prié de dire lors d'une visite en Corse s'il pensait qu'Yvan Colonna était l'assassin, Nicolas Sarkozy avait répondu aux journalistes : "il n'y a pas que moi qui le pense, sinon je ne pense pas qu'on l'aurait gardé en prison". Yvan Colonna met aussi en cause un discours de Nicolas Sarkozy tenu le 14 janvier, lors de son investiture par l'UMP pour la présidentielle, où il a vanté la "République réelle à laquelle (il) croit, celle qui met en prison l'assassin présumé du préfet Erignac". Les avocats du candidat UMP à la présidentielle ont nié qu'il ait voulu porter atteinte aux droits d'Yvan Colonna. "Quel que soit le sort qui sera réservé électoralement à Nicolas Sarkozy, il sera jugé en toute indépendance et en toute loyauté", a dit Me Thierry Herzog. Le parquet a soutenu le rejet de la demande d'Yvan Colonna, estimant que les propos litigieux du ministre de l'Intérieur ne faisaient que décrire la situation juridique du suspect. Entouré de 25 gendarmes dans son box, dans une salle d'audience cernée par une trentaine d'autres agents des forces de l'ordre, Colonna a pour sa part estimé que le ministre de l'Intérieur cherchait à faire pression sur les juges qui examineront l'affaire en novembre prochain. "Je suis innocent, je l'ai toujours affirmé et pour le moins je suis présumé innocent. M. Sarkozy est avocat, juriste, candidat à l'élection présidentielle, les termes (qu'il a employés, NDLR), sont à proscrire", a-t-il dit. Il demande que le ministre soit condamné à lui payer 15.000 euros pour ses frais et souhaite la publication du jugement. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 4 avril prochain. Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle a refusé de commenter cette affaire. "M. Colonna ne fait pas partie de mes relations privilégiées", s'est contenté de dire Nicolas Sarkozy, en marge d'une rencontre avec des représentants des Français originaires de l'outre-mer à son QG de campagne.