Yvan Colonna est innocent, affirme Didier Maranelli

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Didier Maranelli, l'un des six hommes déjà condamnés pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, a affirmé vendredi devant la cour d'assises spéciale de Paris qu'Yvan Colonna était innocent. Il a accusé le berger de Cargèse, car les hommes de la division nationale antiterroriste l'avait forcé à la faire. La cour doit entendre toutes les personnes ayant mis en cause l'accusé d'ici mardi.

"Le nom d'Yvan Colonna m'a été soufflé par les policiers de la DNAT (Division nationale antiterroriste). Ils ne sont pas des 'Pinot simples flics'. Ils sont aussi pervers que ceux qui les gouvernent", a déclaré Didier Maranelli, l'un des six hommes déjà condamnés pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac. A la quinzième audience du procès d'Yvan Colonna, amené entre deux gendarmes à la barre, Maranelli a affirmé que sa déposition de 1999, où il fut le premier protagoniste de l'affaire à mettre en cause le berger de Cargèse devant les enquêteurs, lui avait été suggérée par la police. Un revirement qui confirme sa position enregistrée à l'instruction, 18 mois après la mise en cause initiale d'Yvan Colonna.

Didier Maranelli, qui purge une peine de 25 ans de réclusion, a justifié ce long délai par la peur de voir son épouse et son père envoyés en prison, comme les policiers avaient menacé, selon lui, de le faire. Il a également affirmé avoir subi des violences physiques. Il a confirmé sa propre participation à l'assassinat du préfet mais a refusé de donner des détails sur son rôle exact. Il a dit regretter le crime. Son sentiment est "hélas, mille fois hélas, celui d'un formidable échec et d'un formidable gâchis".

Auparavant, les dépositions de deux témoins importants ont mis en difficulté Yvan Colonna. Valérie Dupuis, ancienne compagne de Didier Maranelli, a confirmé à la barre avoir vu Yvan Colonna avec son ami peu après les faits. Même si elle souligne ne pas se souvenir avec précision si cette rencontre s'était produite le lendemain de l'assassinat ou l'un des jours suivants, elle se dit certaine que c'était "très peu de temps" après la mort du préfet. Cette déposition est embarrassante pour l'accusé, qui nie toute relation avec le commando de tueurs à la période des faits. Valérie Dupuis a de plus expliqué qu'elle n'avait rien déclaré d'inexact en garde à vue, malgré certaines pressions des policiers qui l'avaient averti qu'elle risquait la prison et son enfant un placement par les services sociaux. "Ce n'était pas dit avec méchanceté", a-t-elle souligné.

Jeanne Ferrandi, épouse d'un autre membre du commando de tueurs déjà condamné et autre témoin-clef, a tenté d'expliquer à la cour qu'elle ne se souvenait plus de rien. Devant la police en 1999, elle avait déclaré qu'Yvan Colonna, son mari et Pierre Alessandri - un troisième membre de commando déjà condamné - s'étaient retrouvés à son domicile le soir du 6 février 1998, dans les instants qui avaient suivi l'assassinat du préfet Erignac. "Je ne me souviens plus, je ne sais plus ce qui s'est passé, c'est enfoui, c'est fermé", a-t-elle dit. Elle a assuré avoir été victime de pressions policières, la police ayant selon elle menacé son enfant avec une arme à feu. L'avocat d'Yvan Colonna, Antoine Sollacaro, a tenté en vain de faire revenir Jeanne Ferrandi sur ses déclarations initiales. Il lui a lancé : "votre traumatisme ne vous exonère pas d'exhumer les souvenirs de votre mémoire. Sous serment, ce soir-là, avez-vous vu Yvan Colonna ou ne l'avez-vous pas vu ?". Le témoin a répondu : "je ne sais pas".