Yvan Colonna est "évidemment" coupable pour Roger Marion

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La Cour d'assises spéciale de Paris se penche cette semaine sur la guerre des polices, qui a marqué l'enquête sur l'assassinat du préfet Erignac. Ce lundi, c'est l'ancien patron de la police antiterroriste, Roger Marion, qui a témoigné. Il a longuement défendu son enquête très contestée privilégiant la piste du syndicalisme nationaliste agricole puis a affirmé qu'Yvan Colonna est "évidemment" coupable mais sans dire quel était son rôle et sans livrer de détails.

La guerre des polices à la barre pour cette 3ème semaine du procès Colonna. Avec ce lundi, l'entrée en piste de Roger Marion, l'ancien patron de la police antiterroriste qui a dirigé l'enquête sur l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac. Costume sombre, les jambes écartées devant un épais dossier posé à terre, les bras repliés s'agitant comme un marionnettiste, il a répondu aux différentes attaques qui lui ont été faites depuis la mort du préfet Erignac en 1998. A ceux qui lui reprochent d'avoir poursuivi à tort pendant de longs mois la piste des syndicalistes agricoles, il explique que "tout a été mené de front. On n'a ignoré aucune piste, même les plus farfelues". Roger Marion a aussi retracé pendant plus d'une heure une enquête où, assure-t-il, les aveux ont été recueillis "dans le respect de la déontologie policière", et où ses services "marchaient de conserve" avec les autres enquêteurs. On était loin des interrogatoires "sous pression" dénoncés par plusieurs témoins et de la guerre des polices, accusée d'avoir freiné l'enquête, a-t-il dit.

Peu enclin à l'autocritique, Roger Marion a beaucoup moins parlé de l'accusé que de ses investigations, qu'il défendait pour la quatrième fois, après deux procès et une commission d'enquête parlementaire. Toutefois, le préfet hors-cadre de 60 ans est apparu très sûr de la culpabilité d'Yvan Colonna. A la question d'un des avocats des parties civiles, Me Benoît Chabert, qui lui demandait s'il était persuadé que l'accusé était bien le septième homme du commando ayant fomenté l'assassinat du préfet, "bien évidemment", a-t-il répondu, affirmant que sa conviction se basait sur "les déclarations concordantes" des témoins et les aveux des complices présumés. "La mise en cause d'Yvan Colonna résulte des aveux de Didier Maranelli", le premier de ses complices présumés qui a donné son nom aux enquêteurs, a-t-il précisé. Tous se sont ensuite rétractés.

Sur le problème de la fuite d'Yvan Colonna en 1999, la déposition de Roger Marion est apparue confuse aux différentes parties. Alors que six membres du commando de tueurs était arrêtés les 21 et 22 mai 1999, le berger corse avait pu prendre la fuite, après qu'un article du Monde ait livré son nom et alors qu'il venait de donner une interview à TF1, où il clamait son innocence. Il est resté en fuite pendant quatre ans, avant d'être arrêté en juillet 2003. Roger Marion a nié toute responsabilité dans ce "raté" très remarqué de l'enquête, dont il a imputé la responsabilité à son adjoint de l'époque, qui n'aurait pas obéi à ses ordres de "resserrer le dispositif" (policier mis en place à Cargèse). Surtout, il a expliqué que le 21 mai au soir, Yvan Colonna, pourtant désigné par la compagne d'un des tueurs en garde à vue 24 heures auparavant, n'était pas un des suspects principaux, pas davantage, a-t-il dit, que son frère Stéphane et d'autres personnes. C'est la raison pour laquelle il ne l'a pas "ciblé" avant, a-t-il dit. "Il ne s'agissait pas d'aller chercher Yvan Colonna, il s'agissait d'aller chercher les frères Colonna et d'autres personnes," a-t-il expliqué.