Villepin confirme le plan Airbus de suppression de 10.000 postes

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Dominique de Villepin a confirmé ce matin que le plan de restructuration "Power 8" d'Airbus prévoyait 10.000 suppressions de postes. Le Premier ministre a souligné que le gouvernement français s'opposerait à tout licenciement sec et souhaitait que "chaque site trouve sa place et sa vocation". Hier, le groupe a annoncé le report de la présentation de ce plan faute d'accord entre Français et Allemands sur la répartition de la charge de travail du futur long-courrier A350.

Airbus bat de l'aile. Dominique de Villepin a en effet confirmé ce matin que le plan de restructuration "Power 8" d'Airbus prévoyait 10.000 suppressions de postes. Le Premier ministre a souligné que le gouvernement français s'opposerait à tout licenciement sec et souhaitait que "chaque site trouve sa place et sa vocation". "Ce n'est pas facile de boucler un plan qui est exigeant", a-t-il dit, précisant avoir eu lundi un entretien téléphonique à ce sujet avec Louis Gallois, co-président exécutif d'EADS et président d'Airbus. Il faut "ajuster les besoins de l'entreprise, ça implique des mesures en termes d'emplois qui sont difficiles", a-t-il concédé. "Il faut trouver une répartition équitable entre les uns et les autres", a-t-il ajouté. Ce plan "Power 8" d'Airbus vise à économiser cinq milliards d'euros d'ici 2010, puis deux milliards par an à partir de cette date. Les détails devaient être annoncés mardi lors d'un comité de groupe européen. Mais le constructeur aéronautique a indiqué lundi midi dans un communiqué que le conseil d'administration de sa maison mère EADS avait interrompu ses travaux sur Power8. Airbus précise que le conseil se réunira "dans les prochains jours" pour tenter de trouver un accord concernant la répartition de la charge de travail liée à l'A350 XWB, le futur long-courrier de l'avionneur européen. Un porte-parole d'Airbus a indiqué dans la foulée que la conférence de presse prévue mardi était également annulée. Cité dans le communiqué, Louis Gallois, président d'Airbus, a souligné "la nécessité de trouver très vite une solution qui dépasser les clivages nationaux". En gestation depuis l'été dernier, quand l'annonce de nouveaux retards du très gros porteur A380 avait mis au jour les dysfonctionnements d'Airbus, le plan "Power 8" a réveillé les rivalités entre les "pays Airbus" (Allemagne, Espagne, France et Grande-Bretagne), chacun se démenant pour la sauvegarde des emplois sur son territoire. La proximité de l'élection présidentielle française rend toute annonce de suppressions d'emplois massives délicate et les gouvernements britannique et allemand ont menacé de revoir les contrats militaires avec EADS si des sites étaient fermés sur leur sol. Cité dans le communiqué Airbus, Louis Gallois a souligné la "nécessité de trouver très rapidement une solution qui dépasse les clivages nationaux. J'ai fait des propositions qui me semblent équilibrées aussi bien d'un point de vue industriel que technologique et qui remplissent notre objectif de compétitivité". "J'espère que celles-ci nous permettront d'aboutir au consensus dont nous besoin. Airbus ne peut pas se permettre de différer plus longtemps la mise en oeuvre de Power 8", a-t-il ajouté. Tom Enders, co-président exécutif d'EADS, a réclamé un partage égal au niveau des coûts comme des retombées positives futures. Il a jugé que la qualité était plus importante que la rapidité. Lundi matin, le journal Les Echos a fait des révélations sur le plan "Power 8". "La répartition des efforts devrait s'opérer au prorata de la ventilation de l'activité entre les quatre pays fondateurs, soit 35% pour la France, 35% pour l'Allemagne, 20% pour le Royaume-Uni et 10% pour l'Espagne", a annoncé le quotidien sans citer ses sources. "Selon les estimations, de 10.000 à 12.000 emplois pourraient ainsi disparaître, soit de 3.000 à 4.000 en France et autant en Allemagne. Toutefois, ces réductions d'effectifs ne concerneront pas seulement les 55.000 salariés d'Airbus, mais aussi les 30.000 personnes employées par les sous-traitants travaillant sur les sites d'Airbus", a ajouté le journal. Au-delà de la réduction des effectifs, les inquiétudes des Etats et des salariés concernent la future répartition de travail entre les deux pays, une question qui oppose essentiellement l'Allemagne et la France. Pour Thierry Breton, le ministre français de l'Economie et des Finances, les décisions doivent être prises par le "management, avec l'aval des actionnaires", même si les Etats ont leur mot à dire en tant que "partie prenante". Sur ce dernier point, il a déclaré que le président Jacques Chirac et la chancelière Angela Merkel avaient indiqué "l'un et l'autre qu'il convenait, face aux restructurations nécessaires (d'Airbus), de travailler en équité, c'est-à-dire que tout le monde contribue non pas par rapport à sa nationalité mais parce qu'il faut faire ce qui doit être fait". Thierry Breton a estimé que Louis Gallois était "la bonne personne à la bonne place" pour mener à bien le redressement d'Airbus "en respectant ce principe d'équité". Il a ajouté qu'il serait "très attentif à ce que ce plan soit équilibré, à ce qu'il n'y ait pas d'ostracisme envers les uns ou les autres pour des raisons qui ne seraient pas l'intérêt premier de l'entreprise".