Valls: en Corse, "si on sait, il faut parler"

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Fabienne Cosnay , modifié à
A Ajaccio, Manuel Valls et Christiane Taubira ont appelé les Corses à se mobiliser.

L'info. Au lendemain de l'assassinat du président de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, Manuel Valls et Christiane Taubira ont tenu jeudi une conférence de presse commune, à Ajaccio, en Corse. Objectif ? Réaffirmer la présence et l'autorité de l'Etat.

Les chiffres. La Corse concentre "environ 20% des règlements de compte commis sur le territoire" français, "ce qui est une proportion tout à fait exceptionnelle au regard de la population", a souligné Manuel Valls, en introduction de son discours. "Chaque année, en moyenne, depuis dix ans, 33 homicides et tentatives sont commis. Depuis le début de l'année, l'île enregistre déjà 17 homicides, dont 14 règlements de comptes et 12 tentatives", a détaillé le locataire de la Place Beauvau.

Le message. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice ont martelé un message de fermeté, tout au long de leur conférence de presse commune. "La Corse, c'est la France. La Corse, c'est la République. La Corse, ça n'est pas un territoire à part, où on accepterait des meurtres, la violence", a déclaré Manuel Valls. Prenant la parole à son tour, la garde des Sceaux a affiché la même détermination. "L'Etat ne capitule pas, l'Etat ne recule pas" en Corse, a-t-elle affirmé.

L'appel. Manuel Valls a demandé aux Corses de se mobiliser. "Si on sait, il faut parler, chacun doit prendre ses responsabilités", a déclaré le ministre de l'Intérieur. Manuel Valls a notamment souligné que "dans le domaine de l'immobilier, les notaires doivent jouer pleinement leur rôle". "A nous de protéger ceux qui peuvent se sentir menacés (...) En Corse, "on connaît les commanditaires, on sait, mais on ne parle pas", a t-il déploré. Christiane Taubira lui a emboîté le pas, rappelant que le droit permettait "l'anonymat sur les témoignages". "Nous prenons toute disposition afin de protéger la réponse judiciaire, c'est-à-dire protéger tous ceux et celles qui peuvent concourir à la manifestation de la vérité", a poursuivi la ministre de la Justice.

Les moyens. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont d'abord revenus sur le plan d'action présenté par Jean-Marc Ayrault, le 22 octobre dernier, au lendemain de l'assassinat de l'avocat Antoine Sollacaro. Manuel Valls a également annoncé que les services de police et de gendarmerie seraient renforcés à plusieurs niveaux. Sans donner de chiffres précis. Pour faciliter l'identification des criminels, le locataire de la Place Beauvau a proposé le renforcement de la vidéoprotection sur la voie publique". Christiane Taubira, a, elle, fixé trois priorités : améliorer l'élucidation des crimes, faire plus de prévention et accélérer la réponse pénale, grâce à "une meilleure coordination" entre la justice, la police et la gendarmerie. Ces actions seront présentées dans une circulaire pénale territoriale spécifique à la Corse qui sera diffusée d'ici une semaine.